ECONOMIE DE L'INNOVATION

 

  • Histoire de l'Homme : le silex, l'âge des métaux (âge du fer, âge du bronze),...
  • A la base des ruptures depuis la révolution industrielle au XVIII° siècle
  • Objet de tous les discours actuels sous l'expression d' "économie de la connaissance "

 

L'innovation : source de développement des économies. Le "moteur de l'économie", si l'on doit reprendre cette expression, est là et non pas à la Bourse comme on l'entend trop souvent.

 

3 axes :

 

  • L'innovation : la notion de progrès technique
  • L'innovation : source de développement
  • Innovation et emploi : des interactions complexes

 

1. L'innovation : la notion de progrès technique

 

Définition : Le progrès technique est l'ensemble des innovations concernant la nature des produits et les procédés de fabrication qui permettent la production et la diffusion de biens nouveaux ou de meilleure qualité, ou simplement, des gains de productivité dans la fabrication des produits déjà existants.


1.1. L'innovation : notions de base

 

1.1.1. L'innovation au sens étroit / au sens large

 

L'innovation au sens étroit : Elle est conçue comme essentiellement de nature technique ou technologique. C'est la référence à la science qui est importante : la science fournit, comme outil de compréhension des phénomènes naturels, les connaissances dont l'application permet la création et l'innovation technique.
La technique est ensemble des procédés destinés à la production. Elle définit les facteurs de production qui entrent dans une combinaison productive et leurs proportions.

 

L'innovation au sens large ; Elle est conçue comme intégrant les changements dans l'organisation même de la production et des échanges (exemple: l'Organisation Scientifique du Travail de F. Taylor fin XIX° siècle, le fordisme  au début du 20° siècle).


1.1.2. Les différents types d'innovations : innovation de procédé / innovation de produit


L'innovation de procédé est associée à l'adoption de méthodes de production nouvelles ou sensiblement améliorées. Celles-ci peuvent impliquer des modifications portant sur l'équipement, l'organisation de la production. Elles peuvent viser à créer des produits nouveaux ou améliorés, impossibles à obtenir par l'utilisation des méthodes classiques ou bien à augmenter la productivité des facteurs de production. Elles peuvent enfin conférer davantage de flexibilité à la production, abaisser les coûts ou bien encore limiter les déchets, les atteintes à l'environnement, les coûts de conception ou améliorer les conditions du travail.

 

 

L'innovation de produit correspond à la mise au point / commercialisation d'un produit plus performant dans le but de fournir aux consommateurs des services objectivement nouveaux ou améliorés (le nylon, les antibiotiques, l'automobile...)


1.1.3. L'ampleur de l'innovation : innovation radicale / innovation incrémentale
La distinction porte sur l'ampleur de l'innovation (il ne faut cependant pas exagérer la distinction) :


Les innovations radicales (ou majeures) sont des innovations de grande ampleur (exemples: la machine à vapeur, le micro-ordinateur).

 

Les innovations incrémentales (ou mineures) ont un impact beaucoup plus faible : elles apportent une amélioration aux produits ou aux procédés déjà existants (exemple : le remplacement du métal par des matières plastiques dans le mobilier de cuisine ou du bois par du métal dans la fabrication automobile).

 

1.2. La Recherche et développement expérimental : le concept « officiel »
Les différentes notions de recherche et d'innovation ont des définitions internationalement normées depuis des décennies. On parle de la Recherche et développement expérimental (R-D). Deux sources sont els références en la matière :

  • Le Manuel de Frascati est publié par l'OCDE. C'est une référence méthodologique internationale pour les études statistiques des activités de recherche et développement. Sa dernière version est de 2002.
  • Le manuel d'Oslo est publié par l'OCDE en collaboration avec Eurostat. Il se centre sur l'innovation. Sa dernière version est de 2005.

 

1.2.1. La notion de recherche est polysémique et pousse à des confusions
La recherche et développement expérimental (R-D) englobe les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d'accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l'homme, de la culture et de la société, ainsi que l'utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications.

Le terme R-D recouvre trois activités : la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental. 

 

  • La recherche fondamentale

La recherche fondamentale consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d'acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application ou une utilisation particulière.
Elle se décompose en une recherche fondamentale pure et une recherche fondamentale orientée.

 

  • La recherche appliquée

La recherche appliquée consiste également en des travaux originaux entrepris en vue d'acquérir des connaissances nouvelles. Cependant, elle est surtout dirigée vers un but ou un objectif pratique déterminé.

 

  • Le développement expérimental

Le développement expérimental consiste en des travaux systématiques fondés sur des connaissances existantes obtenues par la recherche et/ou l'expérience pratique, en vue de lancer la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs, d'établir de nouveaux procédés, systèmes et services ou d'améliorer considérablement ceux qui existent déjà.

 

1.2.2. La Recherche et développement expérimental (R-D) aboutit à déplacer la frontière de la connaissance en produisant de la nouveauté
Le critère fondamental permettant de distinguer la R-D des activités connexes est l'existence, au titre de la R-D, d'un élément de nouveauté non négligeable et la dissipation d'une incertitude scientifique et/ou technologique, autrement dit lorsque la solution d'un problème n'apparaît pas évidente à quelqu'un qui est parfaitement au fait de l'ensemble des connaissances et techniques de base couramment utilisées dans le secteur considéré.


La frontière technologique se définit donc comme l'ensemble des technologies les plus efficaces et les plus récentes, implémentées dans les "pays leaders". Cette notion est très centrée sur le progrès technique au sens étroit et les activités industrielles.
L'esprit de la dernière édition du manuel d'Oslo permet d'étendre la notion précédente au-delà de la technologie, que les activités soient industrielles ou de services. C'est la frontière de la connaissance.

La notion de frontière de la connaissance étend la notion de frontière technologique.

 

 

1.2.3. Le transfert de technologie (de connaissance) permet la diffusion de connaissances existantes : on se situe en deçà de la frontière de la connaissance
Le transfert de technologie (de connaissance) ne déplace pas la frontière de la connaissance : il assure la diffusion de connaissances déjà existantes.
Le transfert de technologie s'entend communément comme l'ensemble des compétences et des résultats techniques développés et tenus à jour au sein des laboratoires, cédés ou concédés à des tiers, au travers notamment de cession de brevets ou concession de licences d'exploitation de brevet et de savoir-faire, mais aussi grâce au recrutement de personnel formé par la recherche.
Au sens large, il correspond à l'ensemble des prestations que des organismes détenteurs du savoir scientifique et technique et possesseurs d'équipements spécialisés peuvent faire au bénéfice des entreprises pour les aider à innover ou plus simplement à améliorer la qualité de leurs produits et la compétitivité de leur outil de production : formation continue, simples mesures, analyses ou essais, études, assistance technique, ingénierie, information scientifique et technique, mises au point, développement, recherches sur contrat, cession de résultats de recherches.
Il concourt à la diffusion de l'innovation et permet aux entreprises qui en bénéficient de gagner en productivité globale en se rapprochant de la frontière de la connaissance.

 

Si recherche et transfert de technologie sont distincts a priori, il ne faut pas exagérer leur séparation.
Le transfert d'une innovation aide à la mise en place d'un nouveau système technique qui s'implante dans un système de production existant. Il modifie les formes d'organisation du travail, les modes de fonctionnement des différentes composantes de l'entreprise, les modes de gestion de la main d'œuvre.

Le transfert de technologie peut déboucher sur de la nouveauté

 

La fin de la séance a été consacrée à traiter de ces concepts en utilisant un exemple historique : le passage à la navette volante pour le tissage en 1733 lors de la 1° Révolution industrielle. De nombreux aspects de l'innovation ont pu être rencontrés à cette occasion.

 

 

Les machines de la 1° Révolution industrielle
Les+machines+de+la+1+Révolution+industri
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Conclusion partielle : l’enjeu de la distinction autour de la frontière de la connaissance, l’exemple de l’économie française.

P.Aghion et E.Cohen dans leur rapport du CAE (2004) mentionnent que l’inadaptation supposée des structures de l’industrie française serait liée au passage d’une économie "de rattrapage", dont les gains de productivité seraient fondés avant tout sur l’imitation des technologies issues des pays "leaders" technologiquement (les Etats-Unis notamment), à une économie "de pointe", qui aurait rejoint la "frontière technologique" mondiale et donc épuisé le précédent gisement de gains de productivité. Ainsi, Les ressorts économiques et institutionnels de la croissance ne seraient pas les mêmes pour une économie en phase de rattrapage ou qui veut se situer à la frontière technologique.

 

«Pour un pays qui est loin derrière la frontière technologique, les gains de productivité passent plutôt par l’imitation des technologies existantes, alors que pour un pays proche de la frontière technologique, c’est l’innovation qui tend à devenir le principal moteur de la croissance ».

 

1.3. L'innovation : d'une approche linéaire à une approche interactive

 

1.3.1. L'approche linéaire de l'innovation a longtemps prévalu et elle est encore présente dans les têtes


Pendant longtemps, l'innovation a été pensée comme un écoulement spontané d'amont en aval, des laboratoires vers le marché, de connaissances d'abord fondamentales (découvertes dans les laboratoires universitaires), puis appliquées (mises au point dans les laboratoires publics ou industriels), puis transformées en produits innovants dans les bureaux d'études et dans les usines.

 

Recherche - invention - innovation - diffusion
Dans le modèle linéaire, le point de départ est la recherche, en dehors du champ de l'économie. De la recherche nait l'invention, production de connaissances nouvelles ainsi que l'utilisation de ces connaissances pour concevoir de nouvelles applications.
L'invention engendre alors l'innovation. C'est une application économique qui a comme caractère principal de créer une fonction de production nouvelle en employant des ressources d'une manière encore inusitée.
L'innovation se diffuse : c'est l'adoption de l'innovation à grande échelle, ou par une large population d'agents, de nouveaux produits et de nouveaux procédés.

 

Les enjeux d'une telle approche
Dans cette vision, innovation et recherche sont des notions différentes.

  • La recherche est l'affaire des scientifiques,
  • l'innovation celle des entrepreneurs.

Le progrès technique apparait comme extérieur au comportement des agents économiques : il est exogène. Le producteur adopte des techniques préexistantes (« les techniques sur l'étagère »).


1.3.2. L'approche qui s'est imposée depuis les années 1980 est l'approche dite interactive et systémique


Le modèle linéaire précédemment présenté subordonne l'innovation à l'invention et, les innovations mineures aux innovations majeures : il y aurait donc une succession linéaire d'évènements sans retour ni rétroaction.
Des études récentes montrent que l'innovation ne coïncide pas avec l'intensité de la recherche technologique. Il n'y a pas de lien direct et absolu entre intensité de recherche et aptitude à innover.

Dans la lignée des travaux de J.A. Schumpeter, les interactions dans le processus d'innovation prennent de plus en plus d'importance et le progrès technique est pensé de façon endogène : il dépend des choix économiques et sociaux des agents.

 

Les interactions entre agents
Les interactions entre agents peuvent être internes comme externes à l'entreprise innovatrice.

  •   Au plan interne à l'entreprise innovatrice

L'innovation dépend de l'articulation des différentes fonctions de l'entreprise

Sur le plan interne, les différentes composantes de la fonction R&D (recherche fondamentale, recherche appliquée, design et développement industriel), de même que les relations entre cette fonction et d'autres fonctions clés (marketing, production, logistique, distribution et vente, notamment), ne s'articulent plus selon une séquence relativement linéaire, mais fondamentalement de manière dynamique, avec des rétroactions (feedbacks) complexes entre les différentes composantes ou fonctions de l'entreprise tout au long du processus d'innovation.


Ainsi, chaque firme en fonction de son organisation a une façon d'innover et d'aborder le changement.


Par exemple, dans la téléphonie mobile,
- les opérateurs historiques de télécommunications fixes ont abordé ce nouveau secteur en valorisant essentiellement leur expertise technique des réseaux et leur savoir-faire dans la gestion d'une base de clientèle importante.
- Les nouveaux opérateurs ont, quant à eux, mobilisé leurs compétences commerciales et leurs capacités d'innovation acquises dans leurs secteurs d'origine.

 

Ainsi, une nation, comme une entreprise, se trouve située, dans son développement, sur une trajectoire technologique qui conditionne ses capacités d'assimilation des nouvelles technologies.

L'innovation est donc spécifique aux firmes qui la mettent en œuvre. C'est l'expérience, l'aspect cumulatif des progrès enregistrés qui priment.
Cela permet d'expliquer pourquoi ce qui fonctionne dans un pays, dans une entreprise, ne peut pas être simplement greffé dans un autre pays, une autre entreprise. Le processus d'innovation est dynamique, séquentiel, cumulatif et irréversible.

 

  • Au plan externe à l'entreprise innovatrice

Les entreprises, aussi importantes et puissantes soient-elles, tendent de plus en plus à se spécialiser dans les activités et les domaines de connaissances et de compétences qu'elles maitrisent le mieux. Ce (re)centrage des entreprises sur leur « cœur de connaissances et de compétences » découle des couts croissants de la R&D et de la montée et de la diversification des risques (notamment financiers) liés à l'innovation.

L''ouverture de l'entreprise sur les sources externes de compétence devient un des enjeux fondamentaux (veille, intelligence économique...).
Ainsi, la firme, au cœur du processus d'innovation, doit entretenir des relations denses avec tous ses partenaires privés ou publics.

 

 

 

Nous avons travaillé sur les systèmes techniques des 3 révolutions industrielles à l'aide des schémas publiés la semaine dernière. 

 

Cela nous a permis de faire un peu d'histoire des techniques depuis deux siècles et demi à travers les activités motrices.

 

Cela a été complété oralement par l'histoire de l'organisation du travail (élément du progrès technique au sens large) de l'artisanat en corporations, au factory system,  au taylorisme, au fordisme, au toyotisme et à la firme en réseau.

 

  • Les interactions entre technologies et agents

Ces interactions décrivent les différentes modalités de l'apprentissage :
  - "learning by doing": apprendre en produisant (K. Arrow 1962). La production s'accompagne de la production de connaissances.
  - "learning by using" : apprendre par l'usage (Rosenberg). C'est l'attention portée aux utilisateurs qui permet de faire évoluer les produits et procédés lors d'une utilisation intense et prolongée.


Cette approche interactive ne diminue en rien le rôle du chercheur dans la découverte fondamentale qui alimente le progrès des connaissances ni celui des pouvoirs publics pour faciliter l'initiative industrielle et l'innovation. Elle rappelle néanmoins que l'innovation va au-delà de la recherche, qu'elle a ses lois et ses déterminants qui relèvent non seulement des laboratoires mais aussi des marchés.

 

Le progrès technique apparaît aujourd'hui comme endogène à l'économie et non plus exogène comme dans l'approche linéaire.

 

Nous avons travaillé sur les systèmes techniques des 3 révolutions industrielles à l'aide des schémas publiés la semaine dernière. 

 

Cela nous a permis de faire un peu d'histoire des techniques depuis deux siècles et demi à travers les activités motrices.

 

Cela a été complété oralement par l'histoire de l'organisation du travail (élément du progrès technique au sens large) de l'artisanat en corporations, au factory system,  au taylorisme, au fordisme, au toyotisme et à la firme en réseau.

 

 

  • Les interactions entre technologies peuvent prendre trois formes.
  1. La prédation

Le phénomène de prédation est bien rendu par les mécanismes de diffusion de l’innovation. Une nouvelle technologie (ou produit) se répand dans l’économie au détriment d’une ancienne technologie (ou produit) (Ex : la progression du numérique au détriment de l’analogique).

 

 2. La concurrence

La concurrence est un mode d’interaction plutôt instable qui peut déboucher soit sur la prédation soit sur la symbiose. Dans une phase initiale où des technologies sont en compétition jusqu’à ce que qu’une technologie s’impose irrémédiablement (standards de diffusion télévisuelle, format des fichiers audio ou vidéo). Cela correspond souvent à des « guerres de standards ».

 

 3.  La symbiose

La symbiose décrit le développement d’un nouveau système technique. Il implique qu’une technologie A se développe à l’aide d’une technologie B.

La notion de système technique est particulièrement importante (B. Gille, 1978).

- L’idée de l’interdépendance des innovations

Ces travaux se situent dans la lignée de Schumpeter. Il parle de « grappes d’innovations » pour signifier que ce n’est pas une innovation seule, fût-elle majeure, qui peut bouleverser la société. C'est plutôt la conjonction de plusieurs innovations, la conjonction des actions de plusieurs entrepreneurs et la diffusion des produits et des procédés nouveaux qui permettent d’engendrer une phase de croissance économique.

C'est donc l'interdépendance entre les techniques et la complexification progressive de leur influence qui passe au cœur de l'analyse.

-  La référence à l’analyse systémique

Un système est un ensemble d’éléments unis entre eux tel qu'ils se consolident mutuellement, ce qui permet la solidité de l'ensemble (cohésion) et qu’ils s'articulent entre eux, ce qui fait que toute transformation affectant un élément se répercute à l'ensemble (cohérence).

Ainsi, un système peut donc être à la fois stable, grâce à sa cohésion et dynamique, évolutif, grâce à sa cohérence.

 

- Application de l’analyse systémique à l’innovation

Un système technique est un ensemble d’innovations unies entre elles telles qu'elles se consolident mutuellement, ce qui permet la solidité de l'ensemble (cohésion) et qu’elles s'articulent entre elles, ce qui fait que toute transformation affectant une innovation se répercute à l'ensemble (cohérence).

Ainsi, un système technique est à la fois stable, grâce à sa cohésion, et dynamique, évolutif, grâce à sa cohérence.

 

  • Les interactions entre technologies et agents

Ces interactions décrivent les différentes modalités de l'apprentissage :
  - "learning by doing": apprendre en produisant (K. Arrow 1962). La production s'accompagne de la production de connaissances.
  - "learning by using" : apprendre par l'usage (Rosenberg). C'est l'attention portée aux utilisateurs qui permet de faire évoluer les produits et procédés lors d'une utilisation intense et prolongée.


Cette approche interactive ne diminue en rien le rôle du chercheur dans la découverte fondamentale qui alimente le progrès des connaissances ni celui des pouvoirs publics pour faciliter l'initiative industrielle et l'innovation. Elle rappelle néanmoins que l'innovation va au-delà de la recherche, qu'elle a ses lois et ses déterminants qui relèvent non seulement des laboratoires mais aussi des marchés.

 

Le progrès technique apparaît aujourd'hui comme endogène à l'économie et non plus exogène comme dans l'approche linéaire.

 

2. Le progrès technique et l’innovation, sources de croissance

 

2.1. La mise en évidence de l’importance du progrès technique

Si le progrès technique apparaît intuitivement depuis longtemps comme un facteur de croissance, ce n’est qu’assez récemment que son importance a fait l’objet de tentatives de mesure.

 

Au milieu du XX° siècle, des travaux économiques nombreux cherchent à modéliser la croissance économique et ses facteurs par la construction de modèle mathématiques : Harrod (1937), Domar (1948), Kaldor (1956) et Solow (1956).

 

Après ce renouveau théorique, des travaux statistiques vont être entrepris pour tester ces modélisations et essayer de mieux comprendre les ressorts de la croissance.

 

2.1.1. La mise en évidence d’un troisième facteur à côté du travail et du capital : le progrès technique mesuré par la productivité globale des facteurs de production

Dès 1957, R. Solow recherche une mesure la plus exacte possible de la part de chaque facteur de production, travail et capital, dans la croissance : qui est responsable de quoi ? Il effectue ses travaux dans la croissance américaine de 1909 à 1949 : il observe que l’accroissement des quantités utilisées de travail et de capital n’arrive à expliquer que 13 % du taux de croissance. Il y a donc un résidu inexpliqué de 87 % !

 

Solow introduit à côté des deux facteurs traditionnels (la quantité de travail et la quantité de capital, affectés de leur productivité du moment), un troisième facteur, lié au temps, et correspondant au progrès technique autonome (tout ce qui, à productivité du travail et du capital supposées constantes, permet d’accroître la production nationale).

On a donc, désormais, deux types de facteurs de la croissance (c’est-à-dire d’explications de la croissance)

  • les deux facteurs primaires (quantité de travail et quantité de capital utilisés) (on dit aussi « volume »)
  • le facteur résiduel, assimilé en bloc au progrès technique . Par la suite, on nomme ce facteur résiduel le « résidu Solow », en hommage à Solow. Le terme résiduel vient du fait que l’on estime d’abord statistiquement l’accroissement de richesse du à chaque facteur primaire et que l’on attribue le reste au progrès technique. Il correspondrait à la productivité globale des facteurs.

Dans cette démarche, le troisième facteur rassemble surtout ce qui contribue sans que l’on sache l’expliquer, à l’accroissement de la production… Mesure du progrès technique ou mesure de notre ignorance ?

 

D’autres études sont dans la même veine. Par exemple, l’étude de O. Aukrust en 1965 confirme, pour les pays européens, l’existence d’un résidu non expliqué et son importance

 

 

Pays

 

(classés par poids croissant du résidu Solow dans le taux global de croissance [dernière colonne])

Taux de croissance annuel moyen du pib (%)

(variable à expliquer)

Contribution des différents facteurs au taux de croissance global (variables explicatives)

Part des deux facteurs primaires

(volume du travail et du capital) (en points du taux de croissance)

Part du troisième facteur, le facteur résiduel (résidu Solow)

en points du taux de croissance

en pourcentage  du taux de croissance

Grande-Bretagne

2,5

1,3

(sur 2,5)

1,2

(sur 2,5)

48 %

RFA

7,5

2,9

4,6

61,3 %

Norvège

3,7

1,4

2,3

62,2 %

Italie

6,1

1,8

4,3

70,5 %

France

4,5

1,2

3,3

73,3 %

Suède

3,4

0,9

2,5

73,5 %

 

 

2.1.2. L’amélioration de la prise en compte du progrès technique dans l’explication de la croissance : les travaux de Denison et le progrès technique incorporé

Selon Denison, les facteurs de production ne sont pas homogènes. Les unités les plus récentes d’un facteur de production donné incorporent les dernières innovations (« progrès technique incorporé »), donc elles sont plus productives. Leur impact, en tant que facteur de croissance, n’est pas égal mais supérieur aux unités plus anciennes de ce facteur.

Par conséquent, on comprend que, puisque le progrès technique s’incorpore aux facteurs, lorsqu’on augmente la quantité utilisée d’un facteur, on obtient une croissance supérieure à celle qui serait obtenue par le seul effet de l’augmentation de la quantité de ce facteur : il y a, en plus, un apport sous forme de gains de productivité (progrès technique).

- Avec le facteur travail : embaucher un jeune diplômé, ce n’est pas seulement avoir un travailleur en plus (aspect exclusivement quantitatif), c’est aussi gagner en productivité car il aura été formé aux technologies les plus récentes  (innovations) ; donc son apport à la croissance va au-delà du simple effet du supplément d’heures de travail  que son embauche permet d’obtenir : l’effet capacité de son embauche se décompose en un effet volume (effet quantitatif « pur ») plus un effet productivité. Donc un jeune travailleur supplémentaire augmente la production totale plus que ne le ferait l’embauche d’un travailleur supplémentaire âgé.

- Avec le facteur capital. Idem : investir en choisissant un équipement récent accroît la capacité par effet volume : on dispose d’une unité de capital de plus (aspect exclusivement quantitatif), auquel s’ajoute un effet productivité : les nouvelles générations d’équipement contiennent les derniers perfectionnements.

Voilà une première explication du rôle du progrès technique, du résidu Solow

 

La méthode de Denison permet d’expliciter le résidu Solow. Donc, la partie non expliquée du taux de croissance s’en trouve réduite, ce qui correspond à une amélioration de la compréhension du phénomène de la croissance économique : l’analyse progresse.

 

Rappel : dans les premières études, la partie non expliquée était très importante (E-U :87% , Pays européens 60%). Avec la méthode de Denison, le résidu finalement non expliqué (« résidu du résidu) est ramené à une proportion beaucoup plus faible (entre le tiers et environ le cinquième, selon les pays).

 

 

Facteurs de la croissance

 

Contribution au taux de croissance global

(en % du taux de croissance, égal à 100 %)

France

Etats -Unis

RFA

ITALIE

Facteurs primaires

 

26

58

38

28

Facteur résiduel

(résidu Solow)

Total

 

74

42

62

72

Partie expliquée

 

   42

   19

   40

   44

Partie non expliquée

(résidu du résidu ou résidu Denison)

   32

   23

   22

   28

Total

(taux de croissance, à expliquer)

100 %

100  %

100 %

100 %

 

 

Au final, on se rend compte que le facteur travail et le facteur capital n'ont une faible part exlicative de la croissance économique.

Le "reste" a été identifié comme étant le progrès technique, le rôle des innovations.

 

Il nous faut maintenant regarder les grandes références cherchant à expliquer comment le progrès technique alimente la croissance sur longue période.

 

2.2 Comment le progrès technique et l'innovation permettent-ils la croissance économique ?
Nous disposons de grandes références qui structurent la question.
Nous allons les présenter et nous terminerons en synthétisant à travers l'exemple contemporain de l'informatique via le « Paradoxe de Solow ».

Nous avons déjà exposé que le recours à du travail et du capital permettait la croissance : c'est ce qui correspond à la croissance extensive.
Nous avons souligné l'importance du progrès technique et des gains de productivité : cela correspond à la croissance intensive


2.2.1. L'innovation permet des gains de productivité à la base de la croissance


Il faut se référer ici aux travaux fondateurs d'A. Smith, auteur écossais de l'école Classique, qui en 1776, publie un ouvrage intitulé Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.
C'est dans le contexte de 1° révolution industrielle naissante qu'il cherche à comprendre les ressorts de ce que l'on nomme aujourd'hui la croissance.

Il fait jouer un rôle clé à l'amélioration de l'organisation du travail et aux gains de productivité pour expliquer la croissance.

 

 

  •  La division du travail est la cause de la richesse des nations

La division du travail (DDT) provoque un accroissement de l’habileté des travailleurs, un gain de temps et un développement du machinisme

-  Le processus de production est décomposé en différentes tâches, plus ou moins partielles (c'est la division technique du travail).
Ces différentes tâches sont réparties entre divers individus ou groupes sociaux, selon des critères variables (sexe, âge,…), selon le groupe social d'appartenance (castes en Inde) et de nos jours plus couramment selon la qualification : c'est la division sociale du travail.
 -  L’augmentation de l’habileté des travailleurs est le résultat de leur spécialisation 
 - Le gain de temps provient du fait que se concentrer sur un nombre réduit de tâches évite les temps morts entre plusieurs tâches. (lien avec Taylor fin XIX°).
 - Le machinisme, l’expertise, l’invention d’un grand nombre de machines : l’invention de machines est le fruit de la spécialisation (innovations de procédé). Les machines, plus modestement les outils, sont inventés par les ouvriers qui deviendraient experts dans leurs tâches en nombre réduit… La production de biens d’équipement entraîne la mécanisation des processus productifs.

 

Cela entraîne des gains de productivité : l’efficacité productive s’accroît.

Ainsi, sur une même durée de travail (la journée), les gains de productivité entraînent un accroissement de la production : Productivité = Y / L, L étant le nombre de journées hommes, Y = L x productivité. Il y a croissance.

  •  La division du travail est une conséquence de l’échange

Pour Smith, l’origine de la division du travail se trouve dans le « penchant naturel des Hommes à l’échange ». Il l’explique par la recherche de l’intérêt individuel qui anime chacun et le pousse à échanger afin d’améliorer sa situation personnelle. Le marché est donc quelque chose de naturel.

Le développement des échanges pousse à la DDT : pour se procurer les produits fabriqués, il faut se spécialiser dans une production dégageant un surplus échangeable contre d’autres surplus échangeables. Ce lien économique d’échange de produits entre producteurs spécialisés est pour lui la source du lien social (ce n’est là qu’un point de vue) : la complémentarité entre les activités humaines crée du lien social.

 

  •  La division du travail est limitée par la taille du marché : le Grand marché

Un Grand marché permet d’avoir l’assurance qu’en se spécialisant (et donc en renonçant à certaines productions), on pourra trouver les produits dont on a besoin et échanger le surplus de sa production contre d’autres surplus. Le Grand marché (sans obstacles douaniers, réglementaires et dans lequel les Hommes et les produits peuvent se déplacer sans entrave) est le siège d’économies d’échelle : l’accroissement des quantités produites permet une baisse du coût moyen des produits et ainsi une baisse du prix de vente.

Ainsi, les gains de productivité globale (rendements d’échelle) se traduisent par une baisse du coût moyen (économies d’échelle) débouchant sur la baisse du prix de vente (ou un accroissement des marges).

L’aménagement des infrastructures est un levier important de la construction du marché. A son époque, Smith met en avant les obstacles douaniers intérieurs et les progrès des transports (cabotage en particulier).

 

 

 

 

La demande pousse au développement de l'échange et à l'accroissement de la division du travail. Il y a là un élément extrêmement moderne puisque qu’il faudra attendre jusqu'aux années 1960 et surtout 1980 (deux siècles après A.Smith) pour que les théories de la croissance intègrent cet apport de Smith à travers les « théories de la croissance endogène »

Le progrès technique n’apparaît pas comme un élément autonome et exogène issue de l'application de la science et de techniques disponibles en dehors de l'économie : le progrès technique, machinisme et DDT dans le schéma, est en partie tiré par la demande et le développement de la division du travail. Le progrès technique est non plus exogène mais endogène.

 

La croissance est ici cumulative, autoentretenue et irréversible.

 

 

Ainsi se dégage le rôle de :

  • l'innovation technologique
  • l'organisation du travail adéquate, spécialisée, moins parfois aujourd’hui (contexte manufacture) mais les consultants en ceci, en cela, ..
  • les gains de productivité en conséquence

 

Apparaissent :

  • Le rôle de l’échange
  • L’importance des infrastructures : transports
  • Les règles et les institutions, la liberté d’entreprendre, de décider de son mode d’organisation, etc. :

 

 

2.2.2. L'innovation est le moteur de la croissance par un processus de destruction créatrice animé par des entrepreneurs


La référence est ici J.A . Schumpeter (cf.1).

Il perçoit l'histoire de long terme des sociétés comme rythmée par le jeu des innovations

 

 - Les phases de croissance sont marquées par le jeu des « innovations en grappe » : on retrouve ici les idées de ce précurseur de l'approche interactive et systémique de l'innovation (cf. les systèmes techniques, §1)

 

La survenance des innovations se fait souvent dans des moments de crise : comme chez Marx (1818 - 1883), la crise a deux facettes. L'expression d'un état pathologique, mais aussi un moment de réécriture de temps à venir. D'où le concept très important de « destruction créatrice ».

 

  • Lorsque la grappe d'innovation s'est généralisée et que les innovations ont été exploitées dans un premier temps par les entrepreneurs les plus dynamiques, dans un deuxième temps par des entrepreneurs attirés par des profits dans les secteurs les plus innovants, une routine s'installe et un surinvestissement apparaît : l'offre devient surabondante, les prix et les profits chutent.
  • Un certain nombre d'entrepreneurs ont du mal à assurer le remboursement de leurs emprunts, des faillites apparaissent : les conséquences sont lourdes, notamment sur l'emploi. C'est le retournement, le début de la récession, la crise qui s'installe.
  • Si des activités voient des entreprises se désengager (désinvestissement, licenciements), des entrepreneurs commencent à développer de nouvelles innovations : l'investissement commence à repartir et une nouvelle grappe d'innovations commence à se former. La reprise s'amorce et une nouvelle phase d'expansion commence avec le développement des innovations.

Ainsi, Schumpeter parle d'un processus de « destruction créatrice » : la crise est le moment où l'ancien système d'innovations est remplacé par un nouveau. La crise est alors la préparation de la croissance future. La crise a donc un double statut, à la fois moment de l'expression de la fin de l'ordre ancien et de la création d'un nouveau futur.

 

-  Dans une économie où le progrès technique est le facteur essentiel de la croissance, ce sont les chefs d'entreprise et en particulier certains traits de caractères de ceux-ci qui ont un rôle décisif. C'est le caractère d'Entrepreneur qui est mis en avant par Schumpeter.

  • C'est un trait de caractère qui correspond à la prise de risques. Il ne se conforme pas aux comportements établis et agit dans l'incertain, il parie sur l'avenir avec en perspective l'espoir du succès mais aussi le risque de l'échec.
  • Il se différencie du "gestionnaire" (qui lui prend en charge la diffusion de l'innovation et est aussi un maillon essentiel dans le processus de croissance) : en introduisant l'innovation, il ne se conforme pas aux routines. Il provoque des ruptures au lieu de prolonger des principes établis. C'est un déviant pour le sociologue.
  • Il est animé par des motivations individuelles de réussite (qui peuvent se combiner avec des visées plus altruistes, point peu développé par Schumpeter mais que l'on peut ajouter en complément)

 

Ainsi, les innovations participent d'un mouvement permanent de déclassement d'idées et de principes et création de nouveaux.

  • Cela suppose une organisation politique et sociale favorable à l'initiative pour que des agents osent, au risque de réussir comme d'échouer. Encore faut-il que l'échec d'une expérience ne soit pas un marqueur social rédhibitoire.
  • Cela suppose une certaine flexibilité du système économique : liberté d'entreprendre, d'embaucher, de fermer, d'évoluer. Cela ne signifie pas l'absence de règles présidant à cette liberté. Ce n'est pas incompatible avec des choix d'accompagnement des phases de transition, de reconversion : encore une fois, les choix politiques et sociaux ont leur place.

 

2.2.3. Synthèse : à travers l’exemple de l’informatique communicante

Au-delà de l’informatique, c’est tout la révolution numérique qui est en jeu et la « révolution techno informationnelle » née de l’extension:

  • Des réseaux de communication
  • Du boum (dans le domaine «économie») des technologies de l’information
  • De la fusion numérique.

 

C’est la propagation progressive de cette convergence à l’ensemble des secteurs économiques qui, en changeant les modes de production et de consommation, constitue la base d’une « nouvelle révolution industrielle. »

 

2.2.3.1. Présentation de l’activité

 

Contour du secteur des TIC

 

La nomenclature Eurostat :

- Fabrication de machines de bureau et d’ordinateurs

- Fabrication de radio, télévision et équipements et appareils de communication

- Fabrication d’instruments médicaux, de précision et optique, de montres

- Poste et télécommunications

- Informatique et activités en relation

 

La révolution technico -informationnelle

 

A la base l’informatique. Mais cela ne suffit pas.

 

  • L’extension  (en nombre , en débit et en interconnexion) des réseaux et des outils de communication : Internet (Projet Arpanet, 1967 + un processus de transmission d’informations en paquet) en 1973 + années 1980 le protocole IP) : le réseau des réseaux.
  • La téléphonie numérique (Numéris, Rnis)
  • La téléphonie mobile
  • Le e-commerce et m-commerce
  • Les messageries (msn, etc.)
  • La vidéo conférence
  • Les logiciels de gestion et les bases de données
  • Les réseaux câblés audiovisuels
  • La télédiffusion par satellite et par IP
  • Les radiocommunications (WI Fi, TNT)
  • Les puces RFID de géolocalisation
  • Les serveurs de données
  • Les CD et les DVD
  • Les appareils photo et les caméras

 

Les informations numérisées dans le monde font plus que doubler tous les 100 jours depuis 2000.

 

Ainsi, l’impact des TIC sur l’économie peut s’apprécier à travers deux lois

  • Loi de Moore (ingénieur Intel): formulée en 1964, tous les 18 mois, la puissance, la capacité et la vitesse des microprocesseurs double et le coût de traitement de l’information en est divisé par deux.
  • Loi de Metcalfe (inventeur du protocole de réseau Ethernet) : la performance d’un réseau est croissante avec le nombre de personnes raccordées

2.2.3.2. Innovation dans les TIC et croissance : le Paradoxe de Solow


Il apparaît en 1987 sous la plume de R. SOLOW dans un article du Wall Street Journal : « les ordinateurs sont partout sauf dans les statistiques du PIB ».

SOLOW exprime ainsi l’idée que les effets bénéfiques de l’informatique ne se lisent pas dans les statistiques de productivité, il s’appuie sur des analyses faisant apparaître une corrélation inverse entre les investissements informatiques et la productivité du travail aux Etats-Unis entre 1973 et 1995. Jusqu’en 1995, le « paradoxe de SOLOW » sera la thèse dominante. En France, les observations empiriques faites entre 1990 et 1995, période de forte introduction des technologies de l’information et de la communication (TIC), vérifient également le paradoxe puisque la productivité du travail a moins augmenté que durant la période 1974-1989.

 

Comment s’explique le paradoxe ? L’ordinateur n’améliore pas la productivité par sa seule présence, l’entreprise doit l’accompagner par des investissements immatériels (formation, logiciels, repenser l’organisation interne***). La même problématique était à l’œuvre à la fin du XIX° siècle avec le développement de l’électricité lors de la 2° révolution industrielle, ou dans les propos d'A . Smith sur l'importance de l'organisation du travail pour accrôitre la Richesse des nations..

 

Conclusion :

Ainsi, pour que des innovations forment système et génèrent de la croissance, un arrangement politico-social pertinent est nécessaire : (selon les époques, les points listés ci-dessous peuvent être plus ou moins déterminants)

 

  • Des entrepreneurs innovateurs mais aussi des diffuseurs, des managers
  • Un cadre institutionnel propice (gestion des droits de propriété, réglementation, politique de la concurrence, politique de la recherche et de la création)
  • Des valeurs favorables au changement et à la nouveauté
  • Une certaine flexibilité des organisations
  • Des infrastructures performantes
  • Une réorganisation du travail en parallèle à l’introduction des innovations techniques
  • Des circuits de financement adaptés au financement de l’innovation
  • Des systèmes de formation initiale et continue performants
  • Un marché porteur (suffisamment « grand » et solvable pour les activités concernées)

 

Remarques :

  • Dans une vision inspirée de J-M. Keynes, favorable au rôle stimulant de l'Etat, on peut admettre qu’indirectement, le progrès technique, en favorisant l'activité de l'Etat providence, est favorable à l'emploi (schéma, circuit C).
  • Dans ce raisonnement, on a essentiellement envisagé des innovations de processus, permettant des solutions plus productives pour la fabrication de produits déjà existants. Il faut rappeler que le progrès technique se manifeste aussi par des innovations de produits qui génèrent des emplois.
  • De manière générale, on peut analyser le rôle du progrès technique non pas sur l'emploi en particulier mais sur la croissance en général. Le progrès technique, à travers ses effets sur les prix, les revenus et donc les dépenses de consommation et d’investissement est un des facteurs essentiels de la croissance (§2.)

Il apparaît vain d'évaluer les relations entre progrès technique et emploi au niveau microéconomique. Les innovations ne créent pas forcément d'emploi là où elles sont réalisées : c’est d’ailleurs sur ce point que se cristallisent les incompréhensions entre les économistes et la population.

 

 

3. Progrès technique et emploi

 

La technologie est fréquemment désignée dans le grand public comme une force destructrice d'emplois.

 

Le mouvement ouvrier a une longue tradition de lutte contre la machine (mais également une toute aussi longue tradition « technophile »).

  • Au début du XIX° siècle, les luddites en Grande-Bretagne et les canuts en France détruisaient les métiers à tisser mécaniques que les patrons de l'industrie textile voulaient installer.
  • L'introduction du cheval dans certaines galeries de mine pour tirer les wagonnets de minerai était perçue comme une menace pour certains emplois de mineurs.
  • Les années 80 et 90 ont vu se multiplier les suppressions de postes et les compressions d'effectifs, dans les industries sidérurgique ou automobile par exemple, du fait de la modernisation. C'est la thèse d'un chômage technologique qui est mise en avant.

 

Le premier exposé clair de cette théorie est offert par D. Ricardo (1819) dans un chapitre tardivement ajouté de son ouvrage Principes de l’économie politique et de l’impôt. Ses conclusions sont pessimistes : pour un niveau donné de la production, une augmentation de la productivité telle que l'engendre le progrès technique réduit l'emploi disponible. Il ne reste donc comme solution que l'augmentation du chômage.

Alfred Sauvy combat cette vision négative dans son ouvrage La machine et le chômage, 1980. Certes, la machine détruit l’emploi, puisque c’est là son but même. L'entreprise investit dans des équipements nouveaux pour réduire ses coûts, ce qui implique fréquemment une réduction de l’emploi.

 

Mais l'idée d'une destruction systématique de l'emploi par la technologie se heurte cependant à une première évidence :

la productivité du travail a été multipliée par quinze à vingt dans les pays occidentaux depuis la Révolution Industrielle, sans que l'emploi (en proportion de la population totale) ait décru de façon sensible. Le taux d'emploi, qui est le ratio de la population employée à celle qui serait susceptible de l'être, présente une grande stabilité dans le long terme. Si la productivité avait un impact mécanique sur l'emploi, il ne resterait aujourd'hui que 5 à 10% des emplois qui existaient au début du XIX° siècle.

Une autre observation va à l'encontre de cette thèse : ce sont dans les périodes de plus forte croissance de la productivité du travail (les « trente glorieuses ») ou dans les pays où elle croît le plus vite (HongKong, Corée), que se créent le plus d'emplois. Dans les années 90, c'est dans les pays où les nouvelles technologies se répandent le plus rapidement que les emplois sont créés en plus grand nombre.

 

C'est donc qu'il y a compensation, ou même surcompensation : le progrès technique crée plus d’emploi qu’il n’en détruit (il provoque une création nette d’emplois). C'est cette thèse qu'il convient d'examiner.

 

3.1. Présentation du mécanisme de la compensation

3.1.1. A court terme, le progrès technique provoque bien des destructions d'emploi.

Si l'on suppose qu'une entreprise augmente sa productivité grâce à une innovation de procédé, le progrès technique se traduit dans l'immédiat par une substitution partielle du capital au travail (circuit A du schéma).

 

3.1.2. Cependant, à plus long terme, il y a compensation des destructions initiales d'emplois par la création de nouveaux emplois.

 

Deux séries d’explications

  • La production de nouveaux produits

Il faut bien fabriquer les nouveaux équipements issus du progrès technique. Cela génère de nouveaux emplois. C'est une nouvelle production permettant un accroissement de la production et de l’emploi.

  • L’effet de déversement (Alfred Sauvy) [suivre sur le schéma]

Le progrès technique déverse un supplément de pouvoir d'achat sur les marchés ce qui stimule la demande est donc, in fine, crée là aussi de nouveaux emplois. Deux mécanismes complémentaires agissent dans ce sens.

* Un effet prix

Le progrès technique permet de baisser les prix des produits ; donc, à revenu nominal inchangé, cette baisse de prix provoque un gain de pouvoir d'achat, ce qui stimule les trois composantes de la demande (consommation, investissement et exportations) donc la production, ce qui finalement provoque des créations d'emplois (circuit B1)

* Un effet revenu

De plus, le progrès technique permet de financer des accroissements de revenus nominaux (salaires et profit), ce qui représente donc un accroissement de pouvoir d'achat, encore plus fort, ce qui amplifie le mécanisme qui vient d'être décrit (circuit B2 et B3 ). Ce supplément de demande se porte sur les biens existants mais stimule aussi l’apparition de biens nouveaux.

 

 

3.2. Appréciation de cette approche

 

3.2.1. Il faut nuancer le mécanisme précédemment exposé

 

Des liaisons viennent compliquer la compensation attendue

  • Liaison E : l’accroissement de la dépense d’investissement et de consommation issu du progrès technique (liaisons B et C), en se portant sur des biens de production et de consommation étrangers (E1 et E2), n’a aucun effet favorable sur l’emploi national et peut même être destructeur d’emplois dans le pays.
  • Liaison F : l’accroissement de l’investissement né du progrès technique (B3) peut viser non pas à accroître le volume de production (investissement de capacité, produire plus, F1) mais, à production constante, à économiser les facteurs de production nécessaires, en particulier la main d’œuvre (investissement de productivité, produire plus efficacement, F2), ce qui, à volume égal de production, détruit des emplois.

 

 

Il faut également prendre en compte les effets possibles des gains de productivité sur la durée du travail

Le schéma de circuit utilisé présente des flux monétaires et n’intègre la traduction des gains de productivité en termes de temps travaillé. Il est possible d’intégrer quelques éléments sur long terme.

 

Remarques sur la tendance au XIX° siècle

En France, au XVIIe siècle, il y avait 164 jours chômés dans l’année (Gershuny, 1991). Les corporations ouvrières imposaient alors des règles qui aménageaient de nombreuses périodes durant lesquelles le travail salarié était proscrit : nombreuses pauses quotidiennes, travail à temps partiel pendant les récoltes, restriction du travail des enfants, etc.

À la fin du XVIIIe siècle, les employeurs, qui avaient acquis, grâce aux lois d’Allarde et le Chapelier (1791), la possibilité de fixer la durée du travail, ont accru les horaires et employé des enfants plus jeunes en supprimant les contraintes imposées par les corporations. Depuis cette époque, marquée par la révolution industrielle, le temps de travail est l’enjeu de luttes sociales récurrentes. Comme le souligne P. Bairoch, la durée du travail était incontestablement plus longue pour les ouvriers du début de la révolution industrielle que pour les agriculteurs des sociétés traditionnelles. Cet accroissement considérable du temps consacré au travail correspondait à une mutation fondamentale du rapport qu’entretiennent les individus avec l’organisation du temps. De nombreux historiens soulignent que cette mutation est l’expression de l’aboutissement de la domination du temps marchand sur le temps religieux (Le Goff, 1977 et Sue, 1994). Le développement des villes et de la sphère marchande a conduit, à partir du début du XIIIe siècle, à un recul de la suprématie de l’Église en matière d’organisation du temps. Cette laïcisation progressive de l’emploi du temps, enjeu de luttes entre l’Église et les divers pouvoirs temporels, aboutit, en France, après la révolution de 1789, à une libéralisation progressive du temps qui a conduit à accroître considérablement la durée du travail des salariés, avec de nombreux excès.

Ainsi, au début du XIXe siècle, le temps de présence des ouvriers sur leur lieu de travail était de l’ordre de 4 500 heures par an (soit 15 à 16 heures par jour, 6 jours par semaine). Une durée très élevée, comparée à celle des agriculteurs des sociétés traditionnelles, située en 1800 et 2000 heures selon P. Bairoch.

 

La durée du travail a néanmoins diminué tendanciellement tout au long du XIXe siècle. Cette tendance s’est confirmée au XXe siècle, non seulement en France, mais dans l’ensemble des pays de l’OCDE.

 

Ainsi, les gains de productivité sont répartis entre effet-prix, effet-revenu (salaire et profit) et ... temps.

Historiquement, la croissance permet la réduction du temps de travail, que ce soit sur une base journalière, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle.

(La question de savoir à l'inverse si la réduction du temps de travail permet la croissance et l'emploi est autre.)

 

3.2.2. En fait, il y a bien compensation mais sous une condition : un degré de flexibilité suffisant dans l’économie

 

Le mécanisme de la compensation requiert un transfert fluide de la main-d’œuvre, du capital et de la demande entre les activités. Une certaine flexibilité de l'appareil productif est requise.

 

Les apports récents de l’analyse économique confortent dans les faits l’importance de la notion de destruction créatrice pour saisir les mouvements d’emploi

Les travaux récents s’appuyant sur de grandes bases de données et de l’analyse numérique ont permis de dégager des enseignements des analyses empiriques dans de nombreux pays. C’est le mécanisme de la destruction créatrice dû à Schumpeter qui ressort comme la grande explication de ces tendances :

  • ce processus permet de comprendre l’innovation sur des temps longs (notion de grappe technologique, de système technique aujourd’hui).
  • Appliquée à des temps plus courts, elle aide à comprendre le fonctionnement de la dynamique de l’emploi.

L’ouvrage de P. Cahuc et de A. Zylberberg, Le chômage, fatalité ou nécessité, 2004, Flammarion, a synthétisé les travaux sur le sujet. Aujourd’hui, les débats portent sur les éléments de chiffrage des mouvements mis en lumière mais les idées contenues dans cet ouvrage restent.

Nous ne sommes pas témoin de la disparition du travail mais de son incessante recomposition.

 

Création et destruction d’emplois sont simultanées

Le processus de destruction créatrice (Schumpeter) signifie que chaque jour, des milliers d’emplois sont détruits mais en même temps des milliers d’emplois sont créés. Les deux aspects parviennent à s’équilibrer.

P. Cahuc fait état que chaque jour, 10.000 emplois sont détruits et 10.000 sont crées en moyenne.

En moyenne sur une année, 15% des emplois disparaissent et 15% d’emplois nouveaux apparaissent. D’autres calculs revoient à la baisse l’ampleur sans remettre en cause le mouvement (10% environ).

A l’échelle de la nation, les créations d’emplois et les destructions d’emplois s’équilibrent à peu près. Ainsi, nous ne sommes pas témoin de la disparition du travail mais au contraire de son incessante recomposition.

 

Création et destructions d’emplois se font pour l’essentiel au sein d’un même secteur

Ces mouvements de créations et de destructions d’emplois ont lieu majoritairement non pas entre secteurs en déclin et secteurs en expansion mais au sein d’un même secteur. La plus grande part des mouvements croisés de destructions et de créations d’emplois, les réallocations d’emplois, n’ont pas lieu entre des secteurs différents mais entre des établissements appartenant à un même secteur. (Si l’on découpe le système productif français entre 600 secteurs –niveau fin de découpage qui devrait statistiquement favoriser les mouvements intersectoriels), les mouvements d’emplois entre secteurs représentent moins de 20% du total des réallocations). Ainsi, tous les secteurs sont en train créer ET de détruire beaucoup d’emplois chaque année. Le déclin est donc un phénomène cumulatif de longue période où chaque année les destructions d’emplois dépassent sensiblement les créations.

Les innovations améliorent la productivité grâce au processus de destruction créatrice. Les réallocations d’emplois qui se font majoritairement dans un secteur se font pour une part au sein des entreprises existantes mais pour une grande part entre entreprises différentes (la proportion variant suivant les branches d’activités).

 

L’exemple du textile et de l’industrie pharmaceutique sur la décennie 1990 en France :

Le textile est le premier secteur en déclin, l’industrie pharmaceutique est un secteur de pointe. On s’attend à ce qu’un secteur comme le textile détruise des emplois et que l’industrie pharmaceutique en crée.

 

Secteur

Création d’emplois

Destructions d’emplois

Croissance nette

Textile

7.1 %

11.4%

-4.3%

Industrie pharmaceutique

7.3%

6.2%

1.1%

 

(extrait de l'ouvrage de P. Cahuc et de Insee, Economie et statistiques, 2002 n° 351 plus largement.)

Le dynamisme de la création d’emplois dans le textile est équivalente à celle dans l’industrie pharmaceutique !

Aucun secteur ne fait que créer ou détruire des emplois. Tous les secteurs sont toujours en train de créer ET détruire des emplois.

Si un secteur est en déclin / en expansion en termes d’emplois, c’est que la légère destruction nette / création nette d’emplois se cumule au fil du temps.

Et si le textile détruit des emplois, ils sont compensés pour l’essentiel par des emplois…dans le textile ; mais ce n'est pas le même textile, il ya eu des innovations. Cela peut-être des fibres avec des propriétés plus élaborées pour des vêtements mais aussi le tissage de fibres synthétiques pour la médecine, le sport, des membranes pour l'industrie, etc...

 

 

Les réallocations de main-d’œuvre sont bien plus importantes que les réallocations d’emplois

Si chaque jour en France des emplois sont détruits et créés, les mouvements de main d’œuvre leur sont bien supérieurs (sur une journée en moyenne, 10.000 emplois détruits / créés mais 30.000 personnes changent d’emploi) : les mouvements de départs à l’initiative des salariés alimentent une part importante des réallocations de la main d’œuvre, bien plus que les licenciements.

 

Chaque embauche est le fruit d’un processus d’essais et d’erreurs, car chaque emploi a sa spécificité, qui dépend non seulement des tâches demandées, mais aussi du réseau de relations personnelles, de la culture de l’entreprise, de sa localisation et d’une multitude d’éléments qui peuvent convenir à certaines personnes et déplaire à d’autres. Ainsi, en moyenne, une entreprise qui crée un emploi embauche trois personnes et se sépare de deux autres !

 

Ainsi, Le chômage apparaît donc comme un rouage indispensable du processus de destruction créatrice et de la croissance. Il n’en est pas pour autant une fatalité.

 

Les pays industrialisés se ressemblent en termes de création et de destruction d’emplois (les lignes de fonctionnement présentées ci-dessus) mais ils divergent considérablement en termes de chômage. Ce n’est pas tant la croissance qui explique par sa vigueur le reflux du chômage ou par son atonie la montée du chômage ; croissance et chômage sont déterminés conjointement par le processus perpétuel de création et de destruction d’emplois. C’est la manière dont ce pays gère le mouvement de destruction créatrice au quotidien qui fait que ce pays a plus ou moins de croissance et plus ou moins de chômage.

 

La voie est donc bien ouverte pour la politique économique.

 

* Les conséquences de ces enseignements

  - Sur le marché du travail

Les innovations améliorent la productivité grâce au processus de destruction créatrice et obligent les travailleurs à changer d’emploi. Ces mouvements de main-d'œuvre impliquent :

  • que les entreprises aient une certaine marge pour embaucher ou licencier lorsque la nécessité se présente (flexibilité quantitative externe)
  • une adéquation des qualifications qui ne peut s’opérer que par un système de formation initiale et continue efficace (flexibilité fonctionnelle). Des travailleurs qui ont réalisé des investissements spécifiques en formation dans une technologie ont permis à la société de bénéficier d’une croissance de la productivité. Il apparaît donc souhaitable que celle-ci participe à la formation et d’autre part soit vigilante sur les conditions dans lesquelles se déroulent ces transferts intersectoriels afin que soient maintenues des incitations à se former. Il ne faut cependant pas faire de la formation la recette miracle à tous les problèmes (En France, nous sommes spécialistes dans le fait de penser que quel que soit le problème, la solution se trouve dans l’éducation : les travaux récents là aussi permettent de clarifier les cas et les conditions pour une efficacité de la réponse par la formation)
  • Flexibilité quantitative interne : modulation du temps de travail dans l'entreprise (heures supplémentaires, chômage partiel,...)
  • Flexibilité dite Externalisation : les entreprises se recentrent depuis 30 ans sur leur coeur de métier et ont tendance à confier certaines fonctions dites périphériques à des prestataires : entretien, transport, etc.
  • Flexibilité salariale : depuis la fin du XIX° siècle, celle-ci est moindre compte-tenu des ravages macroéconomiques sur la demande que des fluctuations du pouvoir d'achat et la croissance qu'elle entraîne. On peut aller jusqu'à dire que la protection sociale dans les pays a autant pour fonction de couvrir des besoins sociaux que de lisser les fluctuations de la conjoncture autant que faire se peut. Cette composante semble donc un levier peu pertinent, même si nombre de personnes ont des rémunérations calulées à partir d'objectifs quantitatifs et qualitatifs dont dépend la rémunération : s'ajoute aux ravages macroéconomiques évoqués les effets contreproductifs en termes de management au niveau microéconomique. la sanction est moins une baisse de rémunération qu'une séparation d'avec le salarié dans les cas à problème.

    - Sur le marché du capital

Le capital doit être mobile pour pouvoir se désinvestir des activités en déclin et s’investir dans les secteurs porteurs afin de permettre une adaptation de l’offre.

L’accès au capital doit être facile et adapté pour pouvoir financer les projets novateurs porteurs de valeur ajoutée et d’emplois : circuits bancaires, structures destinées à l’aide au financement des reconversions, sociétés de capital-risque.

 

    - Sur le marché des biens et services

Il faut que la demande nouvelle trouve l’offre qui la satisfasse 

L’analyse montre que la préservation de la concurrence potentielle est une ligne de conduite pour la politique de la concurrence, composante de la politique réglementaire.

La recherche de quasi-rente par des actions stratégiques aboutissant à des situations de monopole ne doit pas supprimer les possibilités de concurrence : l’attention doit être portée sur l’existence de barrières à l’entrée sur un marché pouvant freiner l’entrée de producteurs performants et/ou innovants.

C’est sur les marchés de biens et services que se trouve l’essentiel des rigidités, plus que sur le marché du travail.

 

Egalement, la demande solvable doit être suffisante pour entraîner la capacité d’offre correspondante 

Cet argument s’inscrit dans la tradition keynésienne : il faut que le marché soit apte à engendrer une demande correspondant aux capacités croissantes de l’offre. Une insuffisance de la demande anticipée par les entrepreneurs peut installer durablement l’économie dans une situation de croissance ralentie. Une action ciblée des pouvoirs publics peut alors apparaître utile.

 

 

Conclusion : Ainsi, l'analyse des théories de la compensation montre que d’un point de vue macroéconomique, l’innovation technologique n’a pas d’effet en soi sur le niveau de l’emploi dans l’économie : ce sont les conditions économiques et institutionnelles dans lesquelles elle s’exerce qui prévalent en déterminant la nature et l'ampleur de l'impact.