2/ La soutenabilité de la dette publique

Un État est contraint de respecter un équilibre budgétaire inter-temporel, mais en horizon infini (cf. supra).

 

En comptabilité, on démontre la relation suivante :

 

 

D = dette

Y= PIB

r = taux d’intérêt réel, taux nominal déflaté, soit le taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation

g = le taux de croissance de l’économie (variation du PIB déflaté)

G = les dépenses publiques hors intérêts de la dette

T = les recettes publiques

 

Ainsi,

Dt/Yt est le ratio dette sur PIB à la période t

Le terme à gauche du signe = est la variation du ratio de la dette au PIB entre deux périodes

 

(r-g) est la différence entre le coût moyen de la dette et le rythme auquel l’économie crée un flux de revenus nouveaux

 

(G – T) est le déficit budgétaire primaire (hors charge d’intérêts)

 

(Gt - Yt) / Yt est l’expression du déficit budgétaire primaire en pourcentage du PIB : il mesure la capacité à dégager des ressources pour faire face aux échéances de remboursement à un instant.

 

Ainsi, sur un horizon temporel infini, la variation du ratio de la dette sur le PIB est fonction :

  • De la différence entre le taux d’intérêt réel et le taux de croissance
  • Du ratio de dette initial relativement au PIB
  • Du ratio du déficit primaire au PIB.

Le ratio de la dette augmentera d’autant plus que le taux d’intérêt réel sera plus élevé, le taux de croissance sera plus faible, le ratio initial de la dette sera plus élevé, le ratio du déficit primaire au PIB sera plus élevé.

 

Les critères dits de Maastricht font état d’un ratio de dette de 60%, d’u taux de croissance de l’économie de 3%, d’un taux d’intérêt réel de 2% et d’un déficit budgétaire de 3% (équivalent à un déficit primaire de 0,6%) pour stabiliser le ratio de la dette :

O% = (2% - 3%) (60%) + (0.6%)

 

Ainsi, la dette publique d’un pays est soutenable si la politique budgétaire menée peut être maintenue sans ajustement excessif dans le futur.

La soutenabilité de la dette suppose à la fois que l’État soit considéré comme :

  • solvable, c’est-à-dire que les créanciers aient un jugement positif sur sa capacité à rembourser sa dette sur le long terme
  • liquide, c’est-à-dire qu’il soit en mesure de refinancer la dette venant à échéance.

Ces éléments reposent largement sur la confiance des créanciers et la crédibilité des autorités.

 

La solvabilité : la dette publique n’est soutenable que dans la mesure où l’État est solvable. En pratique, la capacité d’un État à stabiliser le niveau de la dette sur PIB à court et moyen termes est souvent utilisée pour apprécier la soutenabilité de celle-ci : s’il peut être stabilisé, la dette est soutenable.

À l’inverse, une hausse continue du ratio dette publique/PIB peut provoquer une crise de confiance parmi les investisseurs. En effet, des doutes peuvent naître sur la capacité future des autorités à consentir l’effort budgétaire nécessaire ou sur l’impact d’un tel effort sur la croissance de l’économie.

 

La liquidité : un État doit continuellement refinancer sa dette venant à échéance et peut donc faire face à une crise de liquidité si ce refinancement n’est pas assuré. Une crise de liquidité survient lorsque les actifs immédiatement disponibles ne permettent pas de couvrir le service de la dette ; elle peut intervenir sans que la solvabilité de l’État soit remise en cause.

 

 

Cependant, il est difficile ex ante de distinguer les situations d’insolvabilité des pures crises de liquidité. La perception des investisseurs apparaît ici comme une variable essentielle qui détermine le moment de la crise. En effet, les crises de dette sont déclenchées par une crise de liquidité, en général à l’occasion de difficultés de refinancement de la dette sur les marchés internationaux.

La prise en compte de comportements autoréalisateurs permet de montrer comment une crise de liquidité peut dégénérer en crise de solvabilité dans des « zones de crise ». Pour des pays présentant des finances publiques fragiles, une crise de confiance accroît la probabilité de défaut. Le surcoût de financement qui en résulte contribue à valider le pessimisme des investisseurs.

Arithmétique de la dette publique
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