b) Caractérisation de la mondialisation financière : les «3 D »

1/ Décloisonnement des marchés

La condition nécessaire de la mondialisation financière a été bien sûr d’abord non seulement celle de l’ouverture des marchés nationaux mais aussi à l’intérieur de ceux-ci., de l’éclatement des compartiments préexistants (déspécialisation bancaire, création de nouveaux titres, de nouveaux marchés, de marchés dérivés, etc.)

2/ Déréglementation

Elle est née aux Etats-Unis et s’est propagée. Les innovations financières et la nouvelle politique monétaire ont affecté tout le marché international des capitaux. Il fallait gérer des taux d’intérêt et de change plus fluctuants.

3/ Désintermédiation

Il y a recul, dans le financement total, de la part du crédit bancaire au profit du financement par le marché) (ce qui ne signifie pas recul du rôle des banques : intermédiaires de marché)

Les banques sont de plus en plus actives sur les marchés et en particulier avec un mécanisme qui va aller se développant jusqu’à aujourd’hui : la titrisation. Ce mécanisme naît aux Etats-Unis et se développe en France de façon importante, pour se répandre ensuite en Europe.

 

c) Les débuts de la titrisation

Après 1982, c’est parce que les ratios de solvabilité (capitaux propres + réserves / créances) s’étaient dégradés du fait de la crise de l’endettement des Pays en développement que des banques d’abord aux EU puis dans le monde, cherchèrent à soulager leurs bilans de ces créances douteuses.

L’idée était alors de transformer un crédit bancaire aux PED en titre de dette, négociable (librement achetable et vendable sur un marché) 

  • Les gros emprunts étaient fractionnés en petits montants (dilution des risques éventuels de défaillance des emprunteurs)
  • Les titres émis étaient à court terme et renouvelés pour parvenir à des financements longs (les prêts aux PED étaient à LT) (commodité pour trouver des acquéreurs)
  • Les banques se défaisaient du risque de ces crédits et percevaient une commission en faisant du courtage sur ces opérations. (Allègement des bilans et gain financier)

 

Cette technique s’est développée et a été appliquée à un nombre de crédits et un volume croissants au cours du temps. Les derniers dont vous ayez entendus parler sont les fameux crédits immobiliers subprimes aux Etats-Unis, en Espagne, etc...

 

 

 

2. Les tendances présentes au début des 80’s sont toujours à l’œuvre et s’accentuent : la mondialisation financière s’accroît

Les perspectives d’évolution sont présentées en suivant le canevas du sous-chapitre précédent. Il s’agit de dégager les tendances qui se prolongent et les spécificités.

 

A. Les facteurs qui avaient affecté les banques au début des années 80 sont toujours présents


1) La demande de services bancaires n’a pas changé de nature

Les ménages sont toujours à la recherche de placements longs qui protègent le pouvoir d’achat des sommes placées (d’où la demande de prix stables afin de ne pas voir altérer leur pouvoir d’achat).

a) L’objectif de prix stables a pris le relais de la lutte contre l’inflation

La lutte contre l’inflation de la fin des années 80 et du début des années 70 a ouvert les années de la désinflation. Avant la fin des années 80, l’objectif de prix stables est atteint. Et il fait finalement consensus.

b) Le vieillissement démographique est toujours à l’œuvre : les objectifs financiers des ménages n’ont pas changé

 

2) Déréglementation et concurrence règnent en maîtres

a) La réglementation est toujours globalement très légère ; les banques ont même réussi à la contourner

Même si les discours reviennent de façon récurrente sur le thème de la re-réglementation, surtout au moment d’une crise financière, les actes suivent peu et le contexte général reste à la grande latitude laissée aux agents financiers sur les marchés.

Le comité de Bâle a tenté d’établir des règles prudentielles pour prévenir les faillites bancaires en imposant un niveau minimal de fonds propres pour couvrir les risques.

-  Bâle I : le ratio Cooke est un ratio (fonds propres / encours d’opérations) destiné à assurer un niveau suffisant de fonds propres en fonctions des opérations et du risque estimé. Le ratio Cooke a été mis en œuvre, au plan européen par une directive de 1989, appliquée depuis le 1er janvier 1993… Il ne porte que sur les opérations de crédit (pas de marché !)

- Bâle II : ratio de fonds propre (ratio McDonough), il élargit la prise en compte des opérations aux opérations de marché. Adopté en 2004, il est mis en œuvre au plan européen par une directive de 2006, appliqué... en 2007.

Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas d’empressement à agir de la part des gouvernements et des banques centrales.

 

Les banques ont même pu aisément contourner ces ratios en développant la titrisation de façon vertigineuse (cf. infra).

 

b) En plus des banques et des investisseurs institutionnels dont l’importance va croissante, d’autres types d’investisseurs se développent.

1/ Les private equity funds (fonds privés de capital-investissement)

Ressources : ces fonds gèrent de l’épargne privée (il ne s’agit pas d’épargne publique : les fonds utilisés leur sont confiés directement par de gros détenteurs de capitaux [« private »])

Activités dominantes :

- Financement d’activités naissantes : Capital-risque : rôle très positif pour le fiancement de l'innovation.

- Rachat d’entreprises déjà existantes, non cotées en bourse (« private »), pour une durée souvent courte (3 ans en moyenne), pour les revendre « par appartements » avec de fortes plus values. Activité contestée s’apparentant à de la spéculation. Peu de création de richesse réelle.