2/ Le vieillissement démographique des pays riches favorise l’épargne financière longue

L’évolution de la démographie dans les pays développés contribue également aux mutations financières sous la forme d’un vieillissement de la population résultant de trois séries de facteurs : la baisse de la fécondit, l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses du baby-boomet l’allongement de la durée de la vie.

Il touche tous les pays riches, avec des différences de rythme.

Ce mouvement démographique agit sur les comportements d’épargne. Selon l’hypothèse du cycle de vie (Ando, Modigliani), le vieillissement de la population entraîne une augmentation du taux d’épargne financière des ménages des pays riches, à visée longue.

 

b) Un nouveau comportement patrimonial des agents provoque une modification de la demande de services bancaires

Les ménages sont à la recherche de placements longs qui protègent le pouvoir d’achat des sommes placées (d’où la demande de prix stables afin de ne pas voir altérer leur pouvoir d’achat).

Après des années de domination des emprunteurs avec des politiques monétaires dites d'aisance (crédit abondant et peu coûteux),  c’est la « revanche des prêteurs » qui exige des rémunérations réelles positives stables.

 

Cela modifie la demande potentielle qui était faite aux banques en termes de service bancaire.

Remarque : dans l’activité bancaire, c’est souvent l’offre qui a fait la demande. Le développement du marketing bancaire a modifié quelque peu la prise en compte des aspirations de la clientèle.

 

2) Les banques sont soumises à un « choc réglementaire » : les conditions de la concurrence se modifient de façon drastique

 

a) Aux Etats-Unis, des mesures de déréglementation financière accompagnent le revirement de politique monétaire de 1978

Pour séduire les épargnants et pour permettre aux agents à besoin de financement de trouver les formes de ressources qui leur conviennent le mieux, on va donner un maximum de souplesse au fonctionnement des divers marchés de capitaux (flexibilité) et diversifier les produits financiers. Pour cela, sont supprimés les multiples règlements mis en place dans les années 1930 (dérèglementation). Il faut donner plus de liberté (libéralisation) :

  •   la dérèglementation (interne) ou décloisonnement : de nombreuses barrières sont supprimées. Par exemple, le Deregulation and monetary act de 1980 dérégule les conditions de rémunérations des caisses d’épargne (Elles feront faillite quelques années après s’étant livrées à des opération hasardeuses ; seul l’Etat fédéral pourra financer leur sauvetage !)
  •   la libéralisation (dérèglementation) des mouvements internationaux de capitaux : suppression des entraves à la libre circulation internationale des capitaux monétaires (contrôle des changes) et financiers. Noter que les Etats-Unis font pression sur les autres pays pour qu’ils adoptent des mesures identiques, afin que l’épargne de ces pays puisse en sortir facilement pour venir se placer chez eux (ex : pression sur le Japon, aux capacités d’épargne importantes) => Libre circulation (internationale) des capitaux

 

b) Par contagion, cette déréglementation financière gagne les autres pays

Le mouvement de libéralisation financière se diffuse, à la fois par obligation sous peine de ne pouvoir attirer l’épargne mondiale, mais aussi par adhésion.

1/ L’obligation de suivre le mouvement

La déréglementation crée une intensification de la concurrence dans le domaine financier : si les autres pays veulent attirer les capitaux étrangers et retenir les capitaux des résidents pour assurer le financement de leurs activités, il leur faut non seulement servir des taux d’intérêt attractifs comme on vient de le voir, mais aussi proposer des instruments financiers aussi adaptés que les nouveaux instruments créés aux Etats-Unis (diversité, degré de liquidité, …).

D’où la nécessité pour tous les pays de moderniser leurs mécanismes de financement.

2/ Mais aussi l’adhésion au mouvement

Ceux qui critiquaient les dérives du financement administré et de la prédominance de l’intermédiation bancaire voient là l’occasion de réaliser enfin les mutations nécessaires. Les arguments classiques de favoriser l’épargne pour pouvoir investir et croître reviennent massivement.

 

Des pays vont jouer un rôle leader en Europe, au premier rang desquels la France avec le gouvernement socialiste et P. Bérégovoy en 1985. Nous sommes au-delà de l’obligation de suivre. Les réformes entreprises en France iront même jusqu’à surprendre par leur ampleur le monde anglo-saxon.

  • Modernisation des mécanismes de financement : création de nouveaux instruments financiers ; de nouveaux marchés (Création du Matif, marché dérivé, et des instruments y afférant, produits dérivés) ; le marché monétaire est ouvert aux agents non bancaires en 1985 (financement direct à court et moyen terme désormais possible pour les entreprises et les banques)
  • Politique monétaire faisant plus appel à des mécanismes de marché qu’à des mécanismes administratifs
  • Suppression définitive du réescompte,
  • Développement du marché monétaire [appels d’offre, prise en pension de titres du marché monétaire, …] avec les billets de trésorerie (émis par les grandes entreprises), les certificats de dépôt (émis par les banques), nouveaux titres permettant à ces acteurs de financer leur trésorerie (court terme)

 

En Grande-Bretagne, c’est le « Big Bang » (métaphore empruntée à la physique : selon certaines théories, le monde est issu d’une grande explosion initiale) : les réformes profondes et rapides, engagées en 1986 par le gouvernement de Margaret Thatcher, révolutionnent la City de Londres et en font la place centrale de la finance « moderne ».

 

c) De nouveaux acteurs viennent concurrencer les banques dans le traitement des opérations financières créant des alternatives attractives aux déposants et aux emprunteurs

Les fonds des prêteurs sont accessibles à d’autres organismes que les banques qui perdent le quasi-monopole de la gestion de l’épargne.

Des intermédiaires financiers non bancaires se développent sur ce nouveau marché : ce sont les investisseurs institutionnels (« les zinzins »).

  • Les compagnies d’assurance sont anciennes et se développent par exemple en proposant ce que l’on appelle des produits d’assurance-vie
  • Les sociétés d’investissement (Mutual funds aux Etats-Unis, OPCVM en France par exemple avec SICAV et FCP connaissent un essor rapide attirant des épargnant issus de milieux populaires de part la simplicité des produits et les avantages fiscaux éventuels comme en France (détaxe Monory)
  • Les fonds de pension qui gèrent l’épargne-retraite dans les pays où le financement des retraites est fondé sur un régime de capitalisation (principalement les Etats-Unis et le Royaume-Uni). Mais n’oublions pas un organisme comme la Préfon à destination des fonctionnaires français…

(Attention : un fonds de pension est préoccupé par le long terme et la gestion de fonds en vue de la retraite des déposants. Ne pas confondre avec les fonds spéculatifs (hedge funds, bien que hedge signifie haie, couverture, ce qui est un comportement financier qui consiste à ne pas s''exposer au risque, à ne pas spécuiler ! les mots ne sont pas toujours nos amis...

 

Les banques ont désormais des concurrents dans la gestion de l’épargne...