2/ Les hedge funds (fonds spéculatifs)

Ressources : importance de leur endettement (prêts bancaires notamment)

Activité : la spéculation (leur nom, paradoxal [hedge = couverture, le contraire de la spéculation], vient du fait qu’à l’origine, ces fonds étaient spécialisés dans la couverture des risques])

 

Remarque : distinguer les trois comportements types sur un marché : hedger (qui intervient pour neutraliser le risque à l'aide d'opérations sur les marchés financiers, ni gain ni perte) ; arbitragiste (qui intervient pour profiter des idfférences de rendement entre plusieurs marchés pour un même actif, et qui concourt à ramener les marchés en équilibre général) et le spéculateur (qui intervient en vue d'obtenir un gain au risque d'une perte), et qui est donc la contreopartie indispensable pour faire fonctionner un marché (le comportement de spéculation est donc consubstanciel de l'existence d'un marché, on nne peut avoir l'un sans l'autre.

 

En forte progression :

- 1990 : 500 hedge funds gérant 120 milliards de dollars

- 2006 : 9000 hedge funds gérant 1500 milliards de dollars

Contrepartie dans les opérations de couverture), ce sont de purs spéculateurs. Ils sont souvent localisés dans des paradis fiscaux (85 % aux Iles Caïmans) => opacité, peu réglementés, prenant de gros risques et donc pouvant mettre en difficulté des banques qui leur ont imprudemment prêté

 

Attention : les frontières entre ces différents types d’institutions financières sont floues. Par exemple, beaucoup de fonds spéculatifs (« hedge funds ») appartiennent à des banques, qui les alimentent en crédits et qui installent leur siège dans des paradis fiscaux pour pouvoir opérer plus discrètement (opacité), plus librement (peu de règles contraignantes) et plus rentablement (fiscalité sur les profits faible)

 

3/ Le cas particulier des fonds souverains (Sovereign wealth funds)

Ce sont des sociétés d’investissement, créés et contrôlées par des Etats (souvent : pays émergents)

Leurs ressources proviennent d’excédents courants (excédents de la balance des transactions courantes) provenant de l’importance de fortes recettes d’exportation

- de matières premières (pétrole : Abu Dhabi [Emirats Arabes Unis], Arabie Saoudite, Koweit, Norvège, Venezuela, … ; gaz : Russie)

- de produits manufacturés (Singapour, Chine, Corée du sud, ..)

Ces ressources sont en forte augmentation (hausse des prix des matières premières, performances croissantes de certains grands pays émergents en matière industrielle)

 

Ils les utilisent dans l’achat d’actifs financiers (placements)

- Jusqu’à récemment, ces Etats se sont contentés de placements peu risqués et peu rémunérateurs :

  • Investissement en titres d’emprunt publics (ex : bons du Trésor public achetés massivement par la Chine, ce qui est une manière de soutenir le dollar donc d’empêcher l’appréciation du yuan, donc de maintenir la compétitivité-prix des produits chinois)
  • Investissement en actions de sociétés occidentales, mais assez dispersés (parts détenues faibles)

- Depuis peu, on note une évolution : des prises de participation importantes dans le capital de grandes sociétés occidentales jouant un rôle stratégique dans

  • la finance et la banque : le fonds souverain chinois (China Investment Corporation) a acquis 10 % du capital du fonds d’investissement américain Blackstone (qui lui-même détient des parts de capital de sociétés importantes) et autant de la banque américaine Morgan Stanley
  • la distribution (chaîne de grands magasins Sainbury’s, Harrods à un fonds du Qatar)

 

Il y a débat sur leurs effets :

  • Aspects positifs :
  • Un apport financier important dans de nombreuses activités, discret et sans stratégie conquérante (stratégie dominante des pays arabes) (une forme de recyclage de l’épargne au plan international)
  • Un effet stabilisateur : ces fonds ne subissant pas la pression des actionnaires (ROE, moins de risque de court termisme), peuvent adopter des stratégies de long terme, favorables à des projets industriels, et même contribuer à la stabilisation du SMFI (A l’automne 2007 (crise des subprime), plusieurs grandes banques en perdition ont pu reconstituer leurs fonds propres grâce à des apports de capitaux de la part de fonds souverains (Exemple : celui d’Abu Dhabi a renfloué première banque américaine, Citigroup)
  • Aspects négatifs (ou au moins dangereux) : des risques de pénétration dans des secteurs stratégiques : en 2006 : la banque publique russe VTB prend le contrôle de 5 % du capital d’EADS ; aux Etats-Unis, un fonds public de Dubaï a failli prendre le contrôle de la société gérant plusieurs grands ports

D’où la recherche d’un code de bonne conduite (réflexion en cours au FMI) pour éviter une crispation (menaces de mesures de « patriotisme économique » dans les pays riches => mesures de rétorsion [Chine])

 

3) Les TIC sont omniprésentes et permettent des échanges toujours rapides (+ de volumes en un même temps par l’augmentation des débits)


B. L’activité des banques est plus que jamais tournée vers les activités de marché jusqu’à la crise des subprimes

 

1) L’ampleur croissante prise par les mécanismes de titrisation

Les premières manifestations de la titrisation proviennent de la gestion du surendettement des PED au début des années 1980 et de leurs créances douteuses.

Cette technique a connu depuis une expansion spectaculaire.

 

Rappel : la titrisation consiste à transformer des crédits en titres de dettes négociables qu'un investisseur peut acheter et vendre.

a) Le mécanisme de base de la titrisation

1/ La titrisation en elle-même

Comparons avec une opération de crédit ordinaire pour bien en pervcevoir la logique.

a/ Le crédit bancaire ordinaire

Lors de l’octroi d’un crédit bancaire, une banque accorde un prête à un client à un taux pour une durée. Elle a une créance sur ce client.

Le fonctionnement traditionnel de la finance indirecte fait que la banque supporte le risque de crédit durant toute la durée du prêt. Ce risque est constitué par le défaut de paiement de la part de l’emprunteur (incapacité de payer les intérêts et de rembourser le capital)

Du coup, la banque fait tout pour se prémunir contre ce risque de crédit : lors de l’octroi du prêt,

  • elle s’informe sur la capacité future du candidat à l’emprunt à s’acquitter de sa dette (a-t-il des revenus suffisants ?)
  • elle prend éventuellement une garantie : par exemple, s’il s’agit d’un crédit immobilier (achat d’une maison, d’un appartement), la banque prend une hypothèque sur le bien immobilier : si le débiteur ne peut rembourser, la banque fait saisir son bien, le fait vendre (« liquidation ») et garde l’équivalent de la somme prêtée et des intérêts ;

Pendant toute la durée du remboursement, la banque suit attentivement les remboursements durant toute la durée du prêt, et donc agit immédiatement dès qu’il y a retard de paiement (relances, hypothèque).

 

D’où deux problèmes pour la banque :

  • La prudence dont elle doit faire preuve (par exemple ne prêter qu’à des clients surs) limite ses possibilités d’accorder des crédits donc d’augmenter son chiffre d’affaire, c’est-à-dire ses profits
  • Les garanties peuvent être insuffisantes (en cas de défaut de paiement de l’emprunteur, si la valeur de la maison sur laquelle la banque a pris une hypothèque s’est dépréciée, elle enregistre une perte)

b/ La titrisation permet à la banque de se défaire du risque de crédit

Au départ, il y aune opération classique de crédit. C'est sur elle que la titrisation s'exerce.

La banque transforme des crédits accordés en un titre de dette (titre de créance) négociable sur le marché des capitaux. Elle le vend à une structure financière qui, en contrepartie, émet des titres « adossés au portefeuille d'actifs» (asset backed secuities, ABS , valeur mobilière adossée à des actifs).

 

Les investisseurs qui achètent ces titres reçoivent les intérêts versés et les remboursements effectués par les emprunteurs initiaux.

De ce fait, le financement et les risques attachés aux crédits (notamment le risque de crédit, c'est-à-dire de défaillance de l'emprunteur) sont portés par les investisseurs avec leur propre capital et non plus par la banque à l'origine du crédit. La banque dégage :

  • un avantage immédiat : pour le prêt consenti elle a empoché immédiatement le gain (les intérêts) (et recouvre le capital prêté) tout en supprimant le risque de crédit qu’elle supportait. elle l’a « externalisé » : désormais, c’est un autre agent, l’investisseur i 1, détenteur du titre de créance, qui porte le risque de non paiement par le débiteur. Il y a donc eu transfert de risque.
  • un avantage futur : en titrisant le crédit, la banque améliore sa capacité à accorder de nouveaux crédits donc à dégager de nouveaux profits :
  • La vente du titre lui rapporte des liquidités supplémentaires (le produit de la vente du titre), base de nouveaux crédits.
  • surtout, la titrisation lui permet de contourner les règles prudentielles qui s’imposent à elle, qui limitent sa capacité à accorder des crédits (donc à réaliser des gains)

 

Globalement:

la titrisation offre ainsi deux avantages

  • elle élargit considérablement les sources de financement puisque les titres sont accessibles aux investisseurs mondiaux
  • elle répartit le risque de crédit entre un plus grand nombre d'agents, ce qui, en principe, permet d'abaisser le coût du crédit et de garantir une plus grande stabilité financière.

Mais, le danger permanent, c’est que les banques soient imprudentes, qu’elles accordent des crédits de manière inconsidérée et que certains débiteurs de la banque ne puissent payer, la banque à son tour étant en difficulté et manque de fonds propres.

 

D’où la mise en place de règles prudentielles qui encadrent l’activité des banques (Bâle I, ratio Cooke (cf. Supra))

 

La titrisation relève d’une stratégie de contournement des règles prudentielles :

  • les banques, en titrisant une partie des crédits qu’elles accordent, c’est-à-dire une partie des créances qu’elles détiennent, les « sortent » de leur bilan (activité hors-bilan) : elles ont vendu ces créances, elles ne leurs appartiennent plus ; elles diminuent donc la valeur du numérateur du ratio créances / capitaux propres. C’est un moyen, pour les banques, de se retrouver bien en dessous du ratio qui leur est imposé
  • Ce qui leur donne de la marge pour accorder de nouveaux crédits tout en respectant les règles prudentielles. Elles en respectent la lettre (ici le chiffre ! [le % imposé]) mais pas l’esprit (la prudence)

 

c/ Son développement au-delà de la dette des PED à partir des années 1980

Aux États-Unis, la titrisation, qui a vraiment démarré dans les années 1980, a gagné pratiquement toutes les catégories de créances (crédits automobiles, crédits étudiants, cartes de crédit, crédits hypothécaires...).

 

Pour favoriser l'accession à la propriété, le gouvernement américain a modifié au début des années 1970 le statut de deux agences bénéficiant de son parrainage: Fannie Mae et Freddie Mac. Ces agences ont apporté des financements très importants au marché immobilier par l'achat de crédits hypothécaires conformes (c'est-à-dire répondant à des normes précises) qu'elles ont ensuite soit conservés, soit titrisés en les garantissant. L'intérêt de la titrisation mentionné plus haut est ici clair: elle permet aux institutions financières à l'origine des prêts hypothécaires qui opèrent généralement sur une zone géographique précise de ne pas être exagérément exposées au risque immobilier de cette région. A suivre…