La productivité du travail est influencée par le progrès technique au sens large (innovation technologique + changements dans l’organisation du travail).

Baumol en 1967 insiste sur ce point et explique la tendance naturelle à la baisse de l’importance de l’emploi industriel par la conséquence du dynamisme industriel : les gains de productivité sont devenus plus rapides dans l’industrie que dans les services grâce au développement des techniques.

 

Ainsi, si on rapproche les deux points précédents, Une part de la baisse de l’emploi dans l’industrie au cours de la période 1980-2007 peut s’expliquer par la relation entre d’une part, les gains de productivité réalisés dans ce secteur (et plus généralement dans l’économie) et, d’autre part, les comportements de demande des agents.

 

2) Approfondissements

Le progrès technique à court terme détruit de la main-d'oeuvre (cf. le thème 2009-2010) : c'est l'effet n° 1.

 

Plus particulièrement, le progrès technique affecte la structure de la demande (et donc l’emploi) par le biais de deux principaux canaux : un effet de revenu (associé aux gains globaux de productivité dans l’économie) et un effet de substitution (associé au différentiel de gains de productivité entre l’industrie et le reste de l’économie).


* L’effet de revenu (effet n°2)

L’effet de revenu renvoie au fait que la hausse du revenu réel associée aux gains de productivité dans l’économie n’est pas nécessairement utilisée de façon uniforme entre les différents produits.

Un certain nombre de travaux empiriques consacrés aux comportements de consommation vérifient en effet que les agents modifient de façon non uniforme la composition de leur panier de biens consommés à mesure que leur revenu réel se modifie. Cette évolution non uniforme de la demande apparaît au sein des biens industriels et semble également vérifiée pour la répartition entre biens industriels et services. Cela renvoie aux travaux autour de la loi d’Engel.

 

  Selon les résultats des estimations des travaux empiriques, les élasticités-revenu de la demande en biens industriels apparaissent ainsi supérieures à l’unité pour de faibles niveaux de revenu par tête et inférieures à l’unité pour des niveaux de revenu par tête plus élevés. La relation entre le revenu et la demande relative de biens industriels suivrait donc une courbe en U inversé (Rowthorn et Ramaswamy, 1998).

  

Les travaux de Fontagné et Bouhlol (2006) établissent que le niveau de revenu à partir duquel la demande relative évolue en défaveur des biens industriels aurait été atteint en France dans les années 1960.

Ces résultats suggèrent donc que les élasticités-revenu de la demande de biens industriels en France sont positives et inférieures à l’unité, ce qui implique que la demande en volume adressée au secteur industriel a tendance à croître moins rapidement que les gains de productivité réalisés dans l’économie (ou de façon équivalente que la hausse de revenu), et qu’en conséquence les besoins en main-d'oeuvre dans ce secteur diminuent au cours du temps.

Cela confirme les idées de Clark (cf. supra).

 

 

L’effet de revenu, défavorable au secteur industriel dans les économies développées, tend à diminuer l’emploi industriel.