b) Cependant, dans les faits, on constate que les pays s’efforcent de contourner leurs engagements en recourant assez fortement à des formes plus ou moins masquées de protectionnisme

 

La crise des années 1970 réactive la tentation protectionniste

Avec la crise des années 1970, la tentation de recourir au protectionnisme comme solution aux déséquilibres interne (chômage) et externe réapparaît. Les gouvernements essaient de reporter les problèmes sur les autres pays, avec une ampleur bien moindre par rapport aux années 1930.

 

On retrouve les deux grandes modalités du protectionnisme

  • Protectionnisme monétaire : un pays peut officiellement dévaluer sa monnaie mais, de manière plus subtile, il peut la laisser se déprécier sur le marché des changes, (via une politique monétaire de taux d’intérêt faibles) pour gagner discrètement en compétitivité-prix.

À cette époque, cette stratégie est favorisée par l’adoption, dans le domaine mondial, du principe des changes flexibles [accords de la Jamaïque, 1976] ; par contre, les pays européens s’interdisent cette facilité dans leurs rapports entre eux : accord de Bâle de 1972 -Serpent monétaire européen.

  •   Protectionnisme douanier non tarifaire : c’est contraire aux principes du GATT (2e principe : transparence). Pourtant, c’est à ce moyen que recourent plus ou moins ouvertement les différents pays.

Exemple : en 1976, la France, malgré son adhésion au GATT, limite les importations d’automobiles japonaises à 3 % de son marché (Elle est loin d’être la seule à recourir à ce type de mesures)

 

D’autres mesures apparaissent :

 

  • Mesures générales : l’exemple des lois commerciales américaines. Le Trade Act de 1974 contient une « section 301 » qui permet au président des Etats-Unis de prendre des sanctions (unilatérales) à l’encontre de tout pays dont les pratiques commerciales sont jugées, par les Etats-Unis, excessivement protectionnistes et contraires aux intérêts américains. Dans ce cas, les États-Unis frappent le produit concerné de droits de douane supplémentaires très élevés ou de mesures quantitatives pouvant aller jusqu’à l’interdiction pure et simple d’entrée sur le territoire américain.

En 1988, le dispositif est renforcé par l’adoption d’une « section Super 301 » qui va beaucoup plus loin : les États-Unis dressent une liste de pays jugés fautifs à leur égard. Si ces pays ne modifient pas leur politique commerciale, des sanctions sont prises par les États-Unis non plus seulement sur le ou les produits incriminés mais sur la totalité des produits que ces pays exportent aux Etats-Unis.

  • Les mesures réglementaires
  • Le cas des biens : les normes. Des règlements destinés à assurer la santé ou la sécurité de la population sont détournés dans un dessein protectionniste. C’est du protectionnisme « déguisé ».

o En 1981, les Britanniques prétextent une prétendue épidémie pour limiter les importations de volailles françaises et néerlandaises et protéger ainsi leurs éleveurs.

o Dans les années 1980, les brasseurs allemands prennent prétexte d’une réglementation professionnelle datant du XVIe siècle (la bière bue en Allemagne doit être fabriquée avec de l’eau de source allemande) pour limiter les importations de bière française.

o Au Japon, fin 1970-début 1980, on tente de limiter les importations de skis, en particulier de skis français, en prenant prétexte qu’ils sont conçus pour la neige européenne et donc dangereux lorsqu’ils sont utilisés au Japon, pour imposer une assurance obligatoire pour ceux qui les utilisent : la prime d’assurance à verser par les skieurs est un moyen indirect d’accroître le prix effectif de ces skis donc de réduire leur compétitivité-prix (hausse des coûts d’accès au marché).

 

  • Le cas des services. Une réglementation interdit ou limite la prestation de services par des entreprises étrangères. Les services restent fortement protégés : l’activité bancaire, l’activité de transport aérien ou ferroviaire, par exemple, restent partout, à cette époque, l’apanage d’entreprises nationales.
  •  Les restrictions volontaires aux exportations : des accords d’autolimitation. Il s’agit d’un accord entre deux pays dans lequel l’un des deux pays s’engage à limiter lui-même ses exportations en direction de l’autre pays signataire. L’archétype : l’Accord Multifibres (1974) - AMF
  • Les mesures indirectes (action sur les prix des produits importés donc, indirectement, action sur les quantités importées). Il s’agit des « pics tarifaires », des droits de douane extrêmement élevés sur certains produits avec un niveau de droit moyen bas conformément au GATT.
  • Les mesures destinées à favoriser les exportations
  • Le cas de l’agriculture avec la PAC
La CEE a mis en place, avec la PAC, un système qui aide les agriculteurs à vendre à bas prix sur le marché mondial alors que les prix agricoles européens sont élevés. Ce sont les « restitutions » à l’exportation financées par des « prélèvements » à l’importation. Il s’agit d’une aide au produit. Aux E-U, l’agriculture est aidée mais avec un système différent (aide au producteur : un revenu supplémentaire est directement versé par l’Etat, compensant le niveau faible des prix agricoles).

 

  • Le cas de l’industrie : l’exemple de l’industrie aéronautique

La CEE subventionne ouvertement son industrie aéronautique en finançant une partie de la recherche et du lancement de grands projets (Airbus).

Les E-U procèdent de manière plus discrète (« protectionnisme déguisé ») : le Pentagone surpaie les avions militaires achetés à Boeing, ce qui lui permet de vendre ses avions civils à des prix relativement bas.

 

 

D. Depuis les années 1980

 

1) L’ouverture commerciale se poursuit et s’accélère

 La période à bien des égards se situe dans la lignée de la période précédente : les années 80 ne sont pas une rupture comme dans d’autres domaines.

 Cependant, des particularités se manifestent dans les années 1990.

 

a) L’expansion du commerce mondial s’est accrue

 

1/ La croissance des exportations mondiales reste bien plus rapide que celle du PIB s’est accélérée dans les années 1990

 La tendance repérée depuis l’après-2° GM se poursuit : les exportations croissent plus vite que la production.

 

Cette tendance s’est accélérée depuis les années 1990 : les exportations progressent deux fois plus vite que la production.

 

Si l’année 2008 a vu globalement une forte progression du commerce mondial, son volume s'est contracté d'environ 12 % en 2009 — soit la plus forte baisse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette chute brutale est principalement imputable à la réduction de la demande globale simultanément dans toutes les grandes économies du monde sans un retour du protectionnisme comme dans les années 30.

 

Le commerce international est reparti depuis.