La mondialisation actuelle (2° mondialisation moderne après celle de la fin du XIX° siècle), est l’objet de toutes les passions : panacée pour les uns, source de tous nos maux pour les autres. Elle est souvent confusément le bouc émissaire de nos inquiétudes, économiques, sociales, politiques ou culturelles…

 

Économiquement, la mondialisation a plusieurs facettes : les échanges internationaux, la finance Internationale, la réorganisation des processus productifs, la circulation des connaissances et la circulation des Hommes.

 

L’opinion générale est que nous vivrions dans un monde plus inégalitaire. Ce sentiment se développe avec l’accélération de la deuxième mondialisation moderne. Il n’ya qu’un pas pour passer de corrélation à causalité et faire de la mondialisation la responsable de l’accroissement présupposé des inégalités.

 

S’articulent des perceptions sur les inégalités à l’intérieur des pays (cf. le cours sur les inégalités de revenus dans les pays occidentaux de 2010-2011, disponible sur le site en archives) et des perceptions internationales, entre pays ou entre habitants de la planète. Ce double niveau de perception, national et international, est porteur de difficultés quand on s’interroge sur l’état des lieux relatif à la question de la mondialisation et des inégalités.

 

 

Nous aborderons la question selon plusieurs prismes, complémentaires.

 

  1. L’inégalité entre pays développés et pays en développement
  2. L’inégalité entre pays en développement
  3. L’inégalité au sein des pays en développement
  4. L'inégalité au sein des pays développés
  5. Une synthèse à partir des derniers travaux relatifs à la question

 

 

1. 1er approche de l’inégalité : l’inégalité prise entre pays développés et pays en développement

On procède en deux temps :

1. Etude de la situation (à l’heure actuelle) (approche statique, synchronique, c’est-à-dire à un moment donné)

2. Etude de l’évolution (dans le temps) (approche dynamique, diachronique, c’est-à-dire sur une période donnée)

 

A. La situation (à l’heure actuelle)(analyse statique, synchronique)

Globalement, il existe indiscutablement un fossé entre pays développés et pays en développement.

1) La première étude consiste à examiner successivement divers critères spécifiques

L’étude par les aspects particuliers du sous-développement

 

On peut constater une inégalité globale entre pays développés et pays en développement, par exemple :

  1.  Les conditions de vie (la satisfaction des besoins essentiels). Exemples : alimentation, eau, accès à l’électricité
  2.  La concrétisation de ces inégalités dans les phénomènes de mortalité :   - espérance de vie à la naissance (elle synthétise de nombreuses influences sur le niveau de vie et la santé des individus; données de 1995-2000 : écart global : 15 ans !),  mortalité infantile
  3.  L’enseignement
  4.  L’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC)

2) Une deuxième étudee consiste à synthétiser l’ensemble de ces différences grâce à des indicateurs globaux

a) L’indicateur traditionnel : le PIB 

1/ Préalable

Le PIB est difficile à utiliser pour une comparaison pays développés / pays en développement.

 

* 1ère difficulté : le PIB sous-estime la production effective des pays les plus pauvres où une partie de l’activité productrice est mal comptabilisée [ cf. archives 2009-2010, module sur le circuit économique]. Dans les pays pauvres, de nombreuses activités sont mal comptabilisées (…outre l’appareil statistique officiel défaillant : importance du secteur « informel » : activités non déclarées, échanges mutuels de services sans contrepartie monétaire, activités illégales,), ces activités étant beaucoup moins répandues dans les pays développées

En conséquence, la comparaison des PIB/hab conduit à sous-estimer le niveau de vie moyen des pays en développement, donc à surestimer l’écart entre pays développés et PED.

 

* 2ème difficulté : le problème de l’utilisation des taux de change dans les comparaisons internationales :

 

La méthode la plus simple et la plus immédiate consiste à utiliser le taux de change courant de chaque monnaie nationale par rapport au dollar, c’est-à-dire le taux qui a effectivement cours sur le marché des changes

 

Meilleur est l’usage des taux de change recalculés selon le principe de la parité des pouvoirs d’achat (PPA)

Position du problème :

- Dans les pays en développement, les produits courants (biens alimentaires, nombreux services) coûtent souvent moins cher que dans les pays développés.

- Conséquence : la comparaison des niveaux de vie, au moyen de la comparaison du PIB/habitant calculé sur la base du taux de change courant, est donc faussée : elle surestime le fossé entre les pays, elle exagère le désavantage des PED.

 

La solution consiste à corriger les données de manière à ce que le taux de change corresponde à un pouvoir d’achat identique de la monnaie dans les deux pays : on recalcule les taux de change de manière à ce qu’un même panier de biens puisse être également acheté dans chaque pays avec une certaine valeur monétaire, quel que soit la monnaie dans laquelle elle est exprimée. C’est le principe de la parité [= égalité] des pouvoirs d’achats. Cela revient généralement à revaloriser les monnaies des PED par rapport au dollar, donc à revaloriser le PIB des pays. Cela donne une estimation plus conforme à la réalité.

 

* 3ème difficulté : le PIB est un indicateur très incomplet du niveau de développement d’un pays

 

Position du problème :le PIB mesure essentiellement le niveau de vie à partir de l’accès à des biens et services qui s’échangent sur un marché (plus, éventuellement, la production non marchande, estimée au coût des facteurs, ce qui est toujours sujet à caution, car plus une administration publique est peu productive, plus elle fonctionne avec un personnel nombreux, donc avec un coût de production élevé, plus on estime la valeur de sa production à un niveau élevé)

 

Le PIB ne fait donc pas apparaître clairement d’autres éléments essentiels du niveau de développement, comme, par exemple, la durée de vie ou le niveau d’instruction, non mesurables en termes monétaires. Or ils influencent largement les conditions de vie effectives de la population. Exemple : soient deux pays disposant d’un même PIB/habitant mais le premier ayant développé une politique de soins et d’enseignement gratuits, le second non. Dans le premier, avec un revenu monétaire égal à celui du second, la population vit mieux (ou moins mal).

 

La solution consiste à intégrer le PIB/hbt dans un indicateur plus complexe, l’IDH (cf. infra)