B. L’accroissement de la dette publique pose des problèmes de financement ce qui rétroagit sur la situation des banques

La dégradation des perspectives économiques conduit à mettre en doute la solvabilité publique et les taux d’intérêts sur les titres publics sont poussés à la hausse, plus ou moins selon les États, du fait d’une prime de risque croissante.

 

Les banques nationales détiennent des montants élevés et parfois très importants d’obligation émises par leur propre État (30% Allemagne, 20% en Espagne, 10% en France, Grèce, Italie, Portugal ; c’est négligeable au Royaume-Uni et aux Etats-Unis). Les emprunts publics étaient acceptés comme garantie en zone euro).

 

Une éventuelle perte de valeur des titres de dette publiques de certains États peut affecter la comptabilité des banques dans un sens accroissant leurs difficultés, jusqu’à nécessiter un sauvetage des banques que l’État ne pourrait financer comme dans le cas grec.

 

C. Ces deux relations peuvent entrer en interaction et former un cercle vicieux

Le risque bancaire alimente le risque souverain qui alimente à son tour le risque bancaire.

Schéma Dette bancaire dette publique
JMS Cercle vicieux dette bancaire dette
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Du fait de cette interdépendance, il s’est établi un certain couplage entre les conditions de financement d’un État de la zone euro et les conditions de refinancement des banques de ce pays.

- Les banques allemandes, même celles qui connaissaient des problèmes, ont bénéficié indirectement du crédit accordé par les investisseurs à l’État allemand.

- Inversement les banques espagnoles, même celles qui n’étaient pas en difficulté, ont pu être pénalisées par les difficultés croissantes sur la dette publique espagnole.

 

Remarques :

- Il est à noter que jusqu’aux années 1970, dettes bancaires et dettes publiques étaient inversement corrélées. Depuis quatre décennies, la corrélation est positive : par conséquent, le montant cumulé de la dette publique et du crédit privé a augmenté à un rythme sans précédent avec la financiarisation des économies.

- Au regard de l’histoire financière, l’instabilité financière provient des agents privés et non pas des États : l’amorce du cercle vicieux est bancaire. Récemment lors de la Grande Récession, à l’exception de la Grèce, c’est du crédit privé qu’est venue la tempête.

- Il n’est pas neutre qu’elle soit survenue sur un niveau d’endettement public déjà élevé parfois, même si l’on était encore dans une situation soutenable [cf. archives 2010-2011, Les crises financières 19/04 et 10/05]. Cela rend la récession plus douloureuse et la reprise plus longue.