Thème 2 - Dette bancaire, dette publique

 

Vocabulaire :

 

La dette bancaire correspond ici aux dettes des institutions financières, ressources autres que leurs fonds propres : cela comprend les emprunts interbancaires ‘emprunts auprès des autres banques), les ressources issues de l’émission de titres obligataires ou de certificats de dépôts et les dépôts de la clientèle.

Fonds propres et dette bancaire constituent le passif de la banque.

 

La dette publique correspond à la dette de l’État, secteur institutionnel nommé Administrations publiques ; il est constitué des administrations publiques centrales, des administrations publiques centrales et des administrations publiques de sécurité sociale.

L’expression « dette souveraine » correspond à la seule dette de l’État central.

 

La dette publique est constituée de titres longs (les obligations) et de titres courts (les bons du Trésor).

 

 

Il s’agit de présenter les relations entre la dette des banques suite à la crise de 2008 (« Grande Récession ») et la dette publique des États.

 

Pour la crise financière elle-même, il faut se reporter au cours de 2010-2011 disponible sur le site web du cours.

 

1. Rappel sur la crise à l’origine de la Grande récession de 2007 -2008

A. Les origines de la crise

1) Le passage d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers à partir de la fin des années 1970

 

2) Le passage à des économies fonctionnant selon des logiques financières croissantes et déconnectées de la sphère dite réelle

 

3) Crises : un cheminement de bulle en bulles financières alimentées par des politiques monétaires des États trop expansionnistes

 

4) Une expansion débridée du crédit bancaire et le recours à la titrisation : la spéculation à crédit

 

B. Les enchaînements de la crise

1) Premières secousses : 2006, 2007

2006 : le taux directeur de la Réserve fédérale américaine est relevé fortement dans un contexte de poussée inflationniste essentiellement liée aux matières premières. La FED s’inquiète aussi de l’expansion du crédit immobilier jugée déraisonnable. Elle donne le coup d’envoi d’un grand mouvement…

 

Juillet 2007 : la chute des organismes de prêts hypothécaires

Les organismes de prêts hypothécaires à risque sont les premiers touchés par l'augmentation rapide des non-remboursements de prêts « subprimes ». La banque d'affaires américaine Bear Stearns doit fermer deux fonds spécialisés dans ce type de crédit et s’effondre. BNP Paribas suspend la valeur liquidative de trois de ses fonds qui venaient de perdre plus de 20 % en moins d'une semaine. Fannie Mae et Freddie Mac, deux organismes de refinancement de crédits hypothécaires voient leur valeur boursière s’effondrer.

 

Août 2007, tout s'accélère. Les banques se méfient des unes des autres et ne se prêtent plus d'argent qu'avec une extrême réticence et à des taux très élevés sur les marchés interbancaires.

Les grandes banques centrales interviennent massivement et mettent à la disposition des établissements bancaires (sous forme de prêt) plus de 400 milliards d'euros de liquidités (en dollars, livres, euros ou yens). Les craintes des marchés s'étendent alors à toutes les opérations de crédit. La valeur des actions des fonds engagés dans le crédit immobilier s'effondre, la valeur des actions des groupes bancaires font de même. Baisse générale des cours boursiers. La panique commence à s'emparer des marchés financiers et ces baisses font boule de neige. La crise monétaire est devenue une crise boursière qui, partie de Wall Street, n'épargne ni l'Europe ni l'Asie du Sud-Est.

 

Octobre 2007 : les indices boursiers repartent à la hausse. La crise semble passée.

 

2) Deuxième étape : la crise continue et repart de plus belle en septembre 2008.

La faillite de Lehman Brothers en est l’emblème

Les banques continuent à être aussi soupçonneuses dans l'octroi de prêts à d'autres banques. Les faillites se multiplient. La Northern Rock est nationalisée par le gouvernement travailliste en GB ; la Royal Bank of Scotland suit. Les géants américains Merrill Lynch et Citigroup font appel à des fonds souverains (propriétés de l'Etat du Koweit ou de celui d'Abu Dhabi) pour renforcer leur capital social. Bear Stearns est racheté par JP Morgan. L'affaire de la Société Générale et de son trader (Jérôme Kerviel) secoue le système bancaire français.

 

Septembre 2008 : la crise repart de plus belle obligeant les États à racheter des banques pour éviter leur faillite. Les Etats prêtent aux banques.

Lehman Brothers fait faillite.

 

Octobre 2008 :

La récession s'étend des Etats-Unis à l'Europe. La France entre, elle-aussi, en récession. Les annonces pour « réguler » le système bancaire et financier se multiplient mais les propositions concrètes sont faibles.

Les Banques centrales prêtent aux banques

 

De nombreuses banques sont à la limite de l’insolvabilité et la contagion horizontale et verticale traduit la manifestation d’une crise systémique. Mais la crise bancaire et financière est aussi une crise globale

 

C. La crise financière, bancaire en particulier, se transmet à la sphère réelle et devient une crise globale

Les banques sont frappées en tant que prêteur (risque de crédit) et en tant qu’investisseur financier (risque de liquidité).

La crise du crédit pénalise les dépenses des ménages et des entreprises. D’où une crise des débouchés. La demande globale s’effondre (récession). Les gouvernements vont essayer de soutenir ou d’enrayer la chute par des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes.

La transmission de la crise financière à la sphère réelle, par ces différents canaux, se traduit par une grave crise de débouchés (crise de demande) : la récession, déjà en place, s’aggrave

Le jeu de ces différents mécanismes provoque une crise de demande, déjà visible en 2008, et dont on observe l’aggravation à partir du premier trimestre 2009. D’où un impact global négatif sur l’activité et l’emploi . Les surcapacités sont importantes.

 

L’impact sur les entreprises est particulièrement dévastateur :

Ces difficultés des entreprises se répercutent à nouveau sur la capacité d’achat et le moral des ménages, ce qui dégrade encore plus la demande globale, et ainsi de suite….

 

A son tour, cette aggravation de la crise de la sphère réelle dégrade encore plus la situation des banques (impact des défauts de paiement).

 

La poursuite dans le temps de cette interaction entre la sphère réelle et la sphère financière rend la crise actuelle particulièrement grave et inquiétante parce que autoentretenue et cumulative.

 

Cela n’est pas sans impact sur la dette publique.