2. La déflation comme un « poison »

« Les prix qui baissent, pourquoi est-ce grave?

On pourrait penser que la baisse des prix est une bonne nouvelle pour les consommateurs, dont elle fait augmenter le pouvoir d'achat. Mais ce qui vaut pour une personne ne vaut pas pour une économie dans son ensemble : microéconomie et macroéconomie sont deux niveaux d’analyse différents ».

LeMonde.fr, 04/08/2014

A. Le cercle vicieux de la déflation

1) Prix - taux d’intérêt - dette

La baisse des prix provoque la hausse des taux d’intérêts réels (le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt – nominal- corrigé de la variation des prix, déflaté ; une bonne approximation de sa valeur est : Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation). La baisse des prix augmente le taux d’intérêt réel ; le pouvoir d’achat que doivent transférer les débiteurs pour rembourser leurs créanciers est plus important.

Les débiteurs ont donc du mal à rembourser leurs créanciers ; faillites et insolvabilités dépriment l’activité économique.

2) Marges - investissement - salaires

Les entreprises sont les agents qui ont vocation à s’endetter : en ce sens, elles sont particulièrement sensibles aux conditions d’emprunt.

La charge réelle d’endettement accrue et la baisse des prix qui réduit les recettes des entreprises rognent les marges bénéficiaires de ces dernières.

L’investissement recule et les salaires subissent une pression à la baisse.

3) Consommation – production - emploi

La baisse des revenus des ménages dégrade les perspectives de production des entreprises ; cela dégrade à son tour l’emploi requis pour produire et alimente la hausse du chômage (et pèse sur les salaires).

4) Les anticipations

Il y a une dégradation générale des anticipations des producteurs comme des consommateurs.

Anticipant de nouvelles baisses de prix, ils reportent leurs achats de biens de consommation et de biens de production. Pourquoi acheter aujourd’hui ce que l’on devrait pouvoir acheter moins cher demain ?

5) Demande – … prix

La demande globale est déprimée, ce qui accroît la baisse des prix.

Et ainsi de suite : on est dans le cercle vicieux de la déflation.