1/ Les avantages attendus de la monnaie unique 


a/ Approche microéconomique : sur un marché unique, pour remplir efficacement les trois fonctions de la monnaie, une monnaie unique est plus avantageuse qu’une pluralité de monnaies

 

En utilisant la définition fonctionnelle de la monnaie fournie par Aristote :

 

Comme unité de compte, la monnaie unique fait disparaître des coûts improductifs (recherche de l’information, multiplicité des tarifs, calculs). La concurrence est accrue par le fait que la perception des différences de prix est immédiate. Les consommateurs sont bénéficiaires : les entreprises, pour conserver leurs parts de marché, sont obligées de mobiliser encore plus leurs avantages compétitifs, cela accroît d’autant l’effet de concurrence positif apporté par l’existence du grand marché (gain à l’échange).

 

Comme instrument de règlement des échanges, la monnaie unique supprime les coûts improductifs liés aux frais de change et de couverture du risque de change des participants à l’échange.

 

Comme instrument de réserve de valeur, la monnaie unique fait disparaître des surcoûts liés aux frais de couverture, aux primes de risque de change et aux taux d’intérêt élevés qui en découlent.


b/ Approche macroéconomique : l’existence d’une monnaie unique doit faciliter la conduite de la politique monétaire

* Entre pays européens, l’unification monétaire doit permettre de faire disparaître les défauts du SME
La monnaie unique doit libérer la politique économique qui ne sera plus mobilisée par la défense du change (entre monnaies européennes) : il n’y aura plus de marge de fluctuation à respecter. La politique monétaire devra donc pouvoir retrouver son autonomie.
Ainsi, l’asymétrie vis-à-vis de l’Allemagne doit disparaître : avec une seule monnaie gérée par une seule Banque Centrale dont sont membres tous les pays de l’union monétaire, chaque pays est représenté dans les instances de la Banque, ce qui lui permet de participer à la prise de décision. Les mesures de politique monétaire sont donc prises de manière collégiale (chaque pays pèse selon son importance démographique, économique). Remarque*** : chaque pays retrouve une souveraineté monétaire ! On nous a souvent raconté que le passage à l’euro était la perte de la souveraineté monétaire : c’est oublié que nous l’avions perdu depuis longtemps, à l’exception de l’Allemagne.
C’est également la dépendance vis-à-vis des spéculateurs qui doit également disparaître car ils ne peuvent plus jouer une monnaie européenne contre une autre puisqu’il n’y en a plus qu’une seule. Par conséquent, l’orientation de la politique monétaire doit pouvoir ne plus être exclusivement centrée sur l’objectif de « rassurance » des marchés. La contrainte extérieure financière recule voire disparaît.

* Réduction des problèmes liés aux relations avec les autres grandes monnaies
La pluralité des monnaies mettait les pays européens en situation de dépendance vis à vis des décisions prises par les États-Unis (gouvernement, réserve fédérale, opérateurs privés), comme le montre l’expérience des années 1970 et du début des années 1980.
La conséquence logique de l’unification économique et monétaire doit être une plus grande utilisation de la monnaie unique européenne dans le monde, où le dollar reste encore largement dominant.
Remarque importante : la condition pour que la monnaie unique acquière un rôle international important, c’est que l’Europe arrive à se doter d’institutions capables d’un pilotage de sa politique économique et de sa politique extérieure qui ait la même cohérence et la même lisibilité que celle des États-Unis. C’est là son point faible essentiel. D’où l’importance du débat sur les institutions et la gouvernance…