C. La place de l’État

 

1) Quelques indicateurs de son poids économique, en hausse

 

  • Prélèvements obligatoires : impôts + cotisations sociales
  • Pression fiscale : prélèvements fiscaux en proportion du PIB, exprimée en pourcentage.
  • Taux de prélèvements obligatoires : rapport des prélèvements obligatoires au PIB, exprimé en pourcentage.
  •  Dépense publique : ensemble des dépenses des administrations publiques centrales, locales et de sécurité sociale

 

Ces indicateurs doivent être manipulés avec précaution en évitant la démagogie : les prélèvements obligatoires ne sont pas une soustraction opérée sur le revenu. Ils sont reversés sous forme de revenus de transferts (transferts sociaux et transferts en capital) ; de façon non monétaire, ils sont « reversés » sous forme de services non marchands fournis par les administrations publiques.

 

2) Les explications de l’essor du rôle de l’État

 

a) La « loi de Wagner »

 A. Wagner est un auteur institutionnaliste de l’école historique allemande. Il énonce une « loi de l’extension croissante de l’activité publique » chez les « peuples civilisés » (l’élasticité des dépenses publiques au PIB est supérieure à 1) qu’il explique par trois raisons :

  •  La complexité croissante de la société
  • L’urbanisation qui multiplie les services collectifs
  • La division du travail qui favorise la concentration, les monopoles devant être contrôlés par l’État.

 

b) L’effet de déplacement dû aux guerres (Peacok et Wiseman, 1967)

A partir du cas anglais, les deux auteurs expliquent l’essor de l’Etat par la rigidité à la baisse du secteur public après les guerres. L’intervention publique accrue correspondant à l’effort de guerre ne diminue pas une fois le retour à la paix : il y a une sorte d’effet de cliquet, les dépenses publiques résistent à la baisse.

 

c) La faible productivité des services publics (W.J. Baumol)

Selon Baumol, la plupart des services publics sont des « services de main d’œuvre » (notamment santé et éducation), leur productivité ne pourrait donc guère augmenter. Cette productivité différentielle oblige à consacrer une part croissante du revenu global aux dépenses collectives simplement pour en maintenir le niveau.

 

Remarque : l’informatique bureautique en réseau et la gestion informatisée du workflow amènent à nuancer ces propos : il y a des gisements de productivité très importants qui n’attendent que la mise en œuvre effective et massive de ces process.

 

d) Le développement de la bureaucratie (W.J. Niskanen)

Les organismes publics croîtraient du fait de leur inefficacité et du désir de puissance de leurs dirigeants.

 

e) L’analyse de l’école du Public choice [années 1960]

Les hommes publics ne viseraient pas l’intérêt général mais leur réélection. Pour l’obtenir, ils distribueraient des largesses à des lobbies (groupes de pression) qui marchandent leurs voix (logrolling). La démocratie ne pourrait limiter cette extension car elle fonctionnerait comme un marché politique qui ignore l’intérêt général.

 

f) Une analyse marxiste

Selon, Marx, l’État est le « valet de la bourgeoisie », allié des classes dominantes

 

Aujourd’hui, l’État est une « béquille du capital »,( A. Le Pors). Son extension permet au capitalisme de résister à la baisse tendancielle du taux de profit : tarifs avantageux, (énergie, transport), prise en charge des secteurs non rentables et du coût social de la main d’œuvre (Sécurité sociale).