Notez le rôle des prix dans une économie de marché :

  • Un rôle allocatif qui consiste à indiquer la rareté relative des biens
  • Un rôle distributif qui consiste à déterminer quelle quantité des différents biens les différents agents peuvent acheter.

 

Ce sont ces deux rôles qui peuvent être séparés selon le second théorème de l'économie du bien-être.

  • Les prix de marché doivent refléter la rareté relative des biens
  • La redistribution des richesses doit se faire au moyen de transferts, forfaitaires, et surtout pas en intervenant sur les prix de marché.

 

Les marchés concurrentiels semblent ainsi parés de toutes les vertus et la flexibilité des prix à même de résorber les déséquilibres économiques.

 Pourtant, les auteurs mêmes de ces résultats émettent des critiques et ouvrent la porte à de puissantes interventions publiques sous conditions très strictes..

 

2) Certaines situations ne peuvent pas être traitées dans un cadre purement marchand

Si pour ses auteurs les marchés concurrentiels permettent la meilleure allocation des ressources rares, ils font ressortir que ces mécanismes de marché peuvent parfois être tenus en échec dans un certain nombre de situations insolubles dans le cadre d'une allocation purement marchande.

 

Ils proposent alors de lui adjoindre un autre système d'allocation des ressources, une allocation centralisée ou publique permettant de régler les problèmes laissés en suspens. Ainsi la feuille de route de l'État est très stricte : c'est pour suppléer aux insuffisances du marché et pour conduit au résultat que l'on attendait de ce dernier qu'une action publique est envisageable dans le cadre d'une économie de marché : la feuille de route pour l'action publique est très strictement encadrée, il s'agit d'aider les marchés à atteindre la situation Pareto optimale qu’is ne peuvent atteindre seuls dans certains cas.

 

Ces cas nous intéressent plus particulièrement car ils permettent de mettre en scène des justifications fortes à des politiques publiques structurelles dans le cadre d'une économie de marché.

 

3) Les différentes situations concernées

 

a) L’existence d’externalités

 

1/ Le phénomène

 La notion a été forgée par A. Marshall et utilisée par A.C. Pigou dans son ouvrage, Économie du Bien-être, en 1920 pour devenir un concept important de la science économique.

 

La route de montagne améliorée parce que l’on construit un barrage plus haut, le rejet massif de fumées toxiques ou nucléaires dans l’atmosphère : autant de situations d’interdépendance directe dans la satisfaction des individus. On observe des bénéfices ou des coûts générés par une activité économique (production ou consommation) qui affectent des agents économiques tiers sans que ceux-ci, respectivement, aient à payer un dédommagement ou ne soient compensés pour le tort subi.

 

 Définition : on dit qu’il y a effet externe quand la décision d’un individu modifie directement le niveau de satisfaction d’au moins un autre individu, en dehors du processus d’échange sur le marché.

 

  • Si l’action d’un individu améliore le bien-être d’autres individus sans qu’ils supportent une partie du coût de cette action, on parlera d’externalité positive (économie externe). Lorsqu’une entreprise s’installe à proximité d’une agglomération, elle crée des opportunités d’emplois pour la population.

 

  • Si l’action d’un individu dégrade le bien-être d’autres individus sans qu’ils soient compensés pour le tort subi, on parlera d’externalité négative (déséconomie externe). Si la même entreprise que précédemment s’avère polluante pour l’entourage (fumée, bruits,…) elle relève de ce cas.

 2/ Conséquence : une situation de sous-optimalité

Quand on a étudié l’optimalité au sens de Pareto du modèle walrasien, on avait conclu à l’égalité des valeurs sociales et des valeurs privées : intérêts privés et intérêt collectif coïncidaient.

 

  • Externalité négative : le hiatus Coût privé – Coût social

Lorsqu’une firme produit sur un marché, elle supporte un coût de production appelé coût privé. Si cette production génère par exemple une pollution, cela va engendrer une désutilité croissante pour la collectivité : il y aura formation d’un coût social, élément non pris en compte par le marché et supporté par tout ou partie des membres d’une collectivité.

 

Ainsi, l’équilibre du marché obtenu à partir des seuls coûts privés n’est pas un point optimal : il ne permet pas une bonne affectation des ressources : les agents produisent ou consomment une quantité trop importante. Une intervention s’impose visant à influer sur les quantités produites de façon à réduire le coût social (en réduisant les quantités produites) ou à égaliser coût privé et coût social afin de retrouver une situation Pareto optimale.

 

  • Externalité positive : le hiatus Gain privé – Gain social

 Inversement, une activité ayant des effets externes positifs aura un niveau de production inférieur à ce qu’il serait si ses recettes intégraient le surcroît de bien-être qu’obtiennent les autres agents économiques. Gain privé et gain social divergent. Il conviendrait d’intervenir pour accroître la production des activités engendrant des externalités positives, égalisant gain privé et gain social et permettant le retour à une allocation Pareto optimale.

 

 

Conclusion : dans les deux cas, la seule allocation de marché apparaît sous-optimale : une correction s’impose.