c) En matière fiscale, les préconisations

Dans cette vision de l’économie à partir d’individus effectuant des choix, des arbitrages :

 

Les recettes publiques (prélèvements obligatoires) pénalisent l’activité productive

 

  • Les prélèvements obligatoires, en amputant les revenus de facteurs (revenus primaires conduisent les agents à des arbitrages sous optimaux, défavorables à la production

 

  • L’arbitrage individuel travail / loisir se fait aux dépens du travail : pour un individu, les prélèvements obligatoires opérés sur le revenu du travail (cotisations sociales et impôts sur le revenu) diminuent son revenu disponible. Ces prélèvements diminuent l’utilité de son travail et le coût d’opportunité du loisir. Il arbitre donc en faveur du loisir : l’agent substitue du loisir au travail. L’agrégation de cette attitude individuelle au plan global se traduit par une réduction des ressources en facteur travail => moins de travail est offert => crise d’offre.
  • L’arbitrage individuel consommation/épargne se fait aux dépens de l’épargne, donc de l’investissement : pour un individu, les prélèvements opérés sur les revenus des placements de l’épargne (impôts sur les flux de revenus perçus [intérêts, dividendes], impôts sur les plus-values en capital) diminuent la rémunération de l’épargne donc l’incitation à épargner. Par conséquent, un agent à capacité de financement est tenté, dans l’arbitrage intertemporel qu’il doit réaliser, de moins épargner au profit de la consommation présente : il substitue la consommation à l’épargne. Ce qui se traduit de sa part par un apport moindre d’épargne sur le marché du capital => crise d’offre : l’investissement est pénalisé.

 

  • L’aspect cumulatif du problème : la fuite en avant dans la hausse des prélèvements obligatoires accentue l’inhibition de l’offre
  • Les dépenses de l’État ont tendance à croître (développement de l’État-providence, coût croissant du fonctionnement des services publics, …)
  • Les recettes, elles, ne suivent pas parce qu’elles subissent une réduction de leur assiette. (On appelle « assiette » d’un prélèvement, sa base de calcul, ce sur quoi il est « assis » (par exemple le salaire pour des cotisations sociales salariales). Selon les théoriciens de l’offre, cette assiette a tendance à se réduire  : l’État, pour des dépenses constantes ou en augmentation, est obligé de compenser cette diminution du montant de ses recettes par une augmentation du taux de prélèvement. Cela ne résout pas le problème : cela démotive encore plus les agents donc réduit encore plus l’assiette des prélèvements et même l’aggrave : la nouvelle réduction du montant des recettes publiques qui résulte de la réduction de l’assiette contraint l’État à un nouvel accroissement du taux de prélèvement, et ainsi de suite…

 

Ceci a été popularisé à travers la visualisation de la « courbe de Laffer due à l'auteur du même nom, Arthur Laffer.

Ainsi à partir de là, le programme pour l’économie de l’offre est outre la dérèglementation et la réduction des dépenses publiques la diminution des impôts (rendus plus neutre de surcroîts, plus proportionnels et moins progressifs, cf. infra).

 

  • Il s’agit de modifier les arbitrages en faveur de comportements permettant d’accroître l’offre (effets de substitution)
  • Les couches sociales visées par la réduction d’impôts sont les couches aisées, partant du principe que ces baisses d’impôts sur les couches aisées finiraient par bénéficier aux plus défavorisés sous forme d’emplois (plus d’épargne donc plus d’investissement donc plus de production et plus d’emploi dans cette vision). On parle de ruissellement le long de l’échelle sociale (trickle down effect)

 

Remarque : La thèse de Laffer a connu un succès considérable dans les années 1970/1980 où elle a servi de base « théorique » au programme conservateur de réduction des prélèvements obligatoires.

Il faut ici signaler que ce succès est proportionnel au vide scientifique sur lequel repose cette « loi ». La popularité de ces thèses doit beaucoup au discours général anti-étatique du moment ; elle correspond en particulier à un opportunisme électoral vis-à-vis des couches aisées de la part des candidats aux élections de l’époque (R. Reagan, M. Thatcher). Ces thèses sont régulièrement reprises lors d’élections (clientélisme).