C. L’impôt a un impact sur la conjoncture

Deux grandes visions du jeu de l’impôt sur la conjoncture coexistent.

 

1) La version keynésienne : effet de revenu et multiplicateur fiscal

J. M .Keynes (1883 – 1946),

 

Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936

 

a) Le cadre d’analyse

Le contexte intellectuel et historique

 

Idée nouvelle pour les analyses de l’époque : l’économie est rarement en situation de plein-emploi !

 

Keynes essaie de théoriser le fonctionnement d’une économie en situation de sous-emploi. Les mécanismes néoclassiques d’ajustement automatique via la flexibilité des prix sur des marchés concurrentiels est inopérante ; en particulier, les salaires sont rigides à la baisse (contrairement aux XVIII° et XIX° siècle, du fait de la mobilisation des travailleurs) et les prix en général sont de moins en moins flexibles.

 

Une économie peut dont durablement s’installer dans une situation de sous-emploi (équilibre de sous-emploi) due à une insuffisance de la demande effective (anticipations des agents quant à leur demande de biens de consommation et de biens d’équipement). Des anticipations de demande déprimées de la part des entrepreneurs en particulier entraînent la mise en œuvre d’un niveau de production inférieur à celui qui assurerait le plein emploi. Il y a donc un chômage par insuffisance de la demande effective.
 

 

Keynes recherche des leviers d’action qui pourraient élever le revenu national vers son niveau de plein emploi de manière à résorber le sous-emploi. En sachant que les ajustements spontanés de marché ne joueront pas. Il regarde donc du côté de l’action publique des possibilités éventuelles d’action (Keynes est un auteur de doctrine libérale, mais il ne croît pas en les vertus automatiques et systématiques du jeu des mécanismes de marché : il cherche à théoriser le rôle de l’État en termes de politique économique de régulation conjoncturelle dans le cadre d’une économie de marché)