b) Un régime de changes fixes

L’objectif est d’éviter un recours aux guerres monétaires de l’Entre-deux-guerres.

 

-> Les taux de change de marché doivent rester stables

 

Le taux de change sur le marché doit rester à l’intérieur d’une bande de fluctuation (ou marge de fluctuation) de +/ 1 % par rapport au taux officiel. La fixité du change est censée apporter des avantages :

  • Elle devrait réduire le risque de change et favoriser ainsi les échanges commerciaux et à l’accès aux financements internationaux (taux d’intérêt moins élevés).
  •  Elle devrait limiter le recours aux dévaluations qui souvent officialisent ou amplifient une dépréciation déjà intervenue sur le marché : respecter la marge réduit les raisons de dévaluer.

 

->Les taux de change officiels sont ajustables mais sous conditions

On peut dévaluer ou réévaluer : les taux de change (officiels) sont dits « ajustables ». Mais les accords de Bretton Woods prévoient une limitation sévère de l’usage de la dévaluation : un pays ne peut employer l’instrument de la dévaluation que pour corriger un déséquilibre très grave de balance courante, après notification au FMI. En cas de dévaluation supérieure à 10 %, il faut obtenir l’autorisation du FMI

 

Il s’agit donc de limiter et d’encadrer très fortement les fluctuations du taux de change de manière à éviter une instabilité monétaire qui pourrait perturber la vie économique comme dans l’Entre-deux-guerres.

 

c) Deux institutions de coopération, dont le FMI

La Banque mondiale (mal nommée, n’est pas une banque, elle lève des fonds sur les marchés financiers et elle a en charge la reconstruction et depuis le développement pour lutter contre la pauvreté)

 

Le FMI, notre institution de ce thème.

 

-> Position du problème : l’obligation de stabilité des changes peut mettre en difficulté certains pays

 Par exemple : suite à un déficit extérieur français, le franc se déprécie par rapport au dollar sur le marché des changes ; les autorités françaises sont obligées par les accords de Bretton Woods, de prendre des mesures pour que le taux de change du franc / dollar se maintienne à l’intérieur de la marge de fluctuation.

 

La modalité courante à cette époque : intervention directe sur le marché des changes par achat de la monnaie nationale (qui se déprécie) contre des devises (ici du dollar, qui s’apprécie)

  • La demande de francs est faible, donc, la Banque de France en achète : par ce moyen elle gonfle artificiellement la demande de francs, donc l’empêche de descendre en dessous de son cours-plancher (elle le « soutient »).
  • L’offre de dollars est insuffisante => la Banque de France vend des dollars qu’elle puise dans les réserves monétaires ; par ce moyen, elle gonfle artificiellement l’offre de dollars, donc l’empêche de dépasser son plafond, de sortir de la marge de fluctuation.

 

Par cette intervention, la Banque de France (via le Fonds de Stabilisation des Changes) assure le respect de la marge de fluctuation pour le franc …mais aussi, en même temps, pour le dollar. Chaque banque centrale fait de même sur les différents marchés des changes, la FED n’a pas à se préoccuper du respect de la marge de fluctuation de sa propre monnaie. La stabilité du dollar sur les différents marchés des changes est assurée par les autres pays : le respect de la stabilité du dollar n’est pas une contrainte pour les E-U.

 

 

->Le problème posé par cette intervention directe est que l’intervention sur le marché des changes implique, de la part du pays dont la monnaie se déprécie, la détention de réserves de devises en quantité suffisante pour pouvoir intervenir sur le marché.

Or un pays durablement en déficit extérieur, justement, a généralement des réserves faibles, puisque, du fait du caractère chronique de son déficit extérieur, ses réserves monétaires évoluent défavorablement : à la longue, il lui manque des devises pour intervenir massivement et durablement sur le marché des changes.

 

 

->La solution : création d’un fonds d’entraide, le FMI

 

Le FMI, un fonds commun d’or et de devises ; ce fonds est constitué par les apports des différents pays membres (contribution, quote-part)

  • La quote-part de chaque pays est proportionnelle à son importance économique.
  • Elle est versée pour un quart, en or et en dollars, pour les trois quarts, dans sa propre monnaie

Le droit de vote de ce pays au sein du FMI est fonction de l’importance de la part qu’il détient dans le capital du fonds (= sa quote-part) (même principe que pour une société : une part = une voix).

 

 Ce fonds commun sert à accorder des prêts en devises aux pays dont la monnaie se déprécie.

 La banque centrale d’un pays dont la monnaie se déprécie doit la soutenir sur le marché des changes en l’achetant, donc, en contrepartie, en vendant des devises. Si elle n’en a pas suffisamment, elle en emprunte au FMI : il fait un « tirage ». La banque centrale, donc, se « refinance » auprès du FMI, qui fait donc office de préteur de dernier ressort pour les banques centrales nationales. Il s’agit bien d’un mécanisme d’entraide, de coopération.

 

 Chaque pays possède un droit de tirage inconditionnel pour un montant égal à 125 % de sa quote-part. Au-delà, le prêt est conditionnel (mécanisme de la conditionnalité) : le FMI ne prête que si le pays assortit son emprunt d’un engagement à opérer les ajustements nécessaires pour résorber son déficit courant, cause fondamentale de la dépréciation de sa monnaie. On retrouve ici la fonction de régulation du SMI : en obligeant le pays à revenir à l’équilibre extérieur, le FMI assure le retour à la stabilité du taux de change.