Dans le même temps, les progrès de développement humain ont été spectaculaires

  • Sur le XX° siècle, multiplication par quatre de la population, comme témoignage de la capacité de l’espèce humaine à mieux vivre (nutrition , médecine, techniques, politiques sociales)
  • Progression de l’espérance de vie   : 7 ans de l’an mil à 1900, (24 -> 31 ans), + 35 ans sur la décennie 1990  ( santé, baisse de la mortalité infantile,
  • Augmentation de l’indice de développement humain (IDH) des Nations Unies de 40% en moyenne, réduction de la pauvreté extrême


=> Interdépendance entre bien-être humain et soutenabilité environnementale


Que nous apprend l’économie pour rendre compatible bien-être et soutenabilité écologique ?

 

2. Économie de l’environnement

 

A. L’économie a très tôt intégré la question des contraintes imposées par la nature : c’est même son ADN fondamental

 

1) Les Physiocrates, mi XVIII° siècle

Ce courant français (Turgot, Quesnay) pense que seule la terre est capable de donner plus qu’elle ne coûte et qu’à ce titre, elle est le socle du développement.
Ils en font la réponse à la question des sources de la richesse et du développement.

 

2) Les Classiques anglais fin XVIII° - début XIX

L’observation du rôle des terres agricoles se poursuit et se développe pour fonder l’analyse économique moderne. L’Homme est dominé par la Nature.
L’Homme ne détruit pas la nature et profite de sa fertilité : mais en retour, celle-ci lui impose son rythme d’exploitation et sa finitude. L’horizon est l’état stationnaire.
La croissance n’est possible que tant que toutes les terres disponibles ne sont pas exploitées car ils considèrent que la productivité agricole est une donnée indépassable (le progrès technique est impensé,la croissance est extensive et donc finie).

La perspective malthusienne en est l’expression la plus tragique (cf. § précédent).
Ricardo formule une analyse précise de la rente agricole (toujours utilisée à propos de gisements miniers ou extractibles en général). La différence de productivité des terres (Loi des rendements décroissants, augmentation des conditions de coût et fixation du prix au regard des conditions sur la terre marginale qui « paie une rente ».).

Les visions pessimistes retrouvent en particulier dans l’ouvrage de S. Jevons (néoclassique) en 1865, The coal question : il y dénonce la dépendance de l’économie britannique à l’égard du charbon bon marché mais épuisable.
: « L’essor industriel entraîne une consommation croissante de charbon, que ni les économies possibles ni les substituts envisageables ne pourront réduire ».
C’est ainsi que les améliorations de la productivité énergétique dues au progrès technique sont plus que compensées par une hausse effective de la quantité d’énergie consommée. Par exemple, les progrès considérables en termes de consommation des véhicules réalisés par les constructeurs automobiles n’ont pas entraîné une réduction de la consommation de carburant. En effet, le parc automobile s’est accru tandis que les trajets et les distances parcourues se sont considérablement multipliés , sous l’effet notamment de la baisse des prix permise par le progrès technique.

A. Smith fait en partie exception au propos : une partie de son ouvrage de 1776 la Richesse des nations met en scène une croissance cumulative auto-entretenue et irréversible basée sur les gains de productivité issus de la division du travail. La richesse ne provient plus de la Nature mais de l’organisation humaine…


B. L’école marginaliste néoclassique (fin XIX° siècle – mi XX° siècle) alimente la réflexion

Pour cette branche de l’économie qui s’inscrit dans le paradigme néoclassique, l’ objectif est de gérer de façon optimale et rationnelle les ressources naturelles. Cette analyse va libérer l’économie de ses racines terrestres en apportant la bonne nouvelle d’une croissance perpétuelle. La terre n’apparaît plus comme un facteur limitatif de la croissance : il faut que le capital augmente au même rythme que la population pour que la production continue d’augmenter aussi au même rythme.