3) Réflexion sur le SMI de Bretton Woods en général et les systèmes d’étalon-or en particulier

 

1. Outre la convertibilité des monnaies, un SMI efficace doit :

  •  assurer un approvisionnement suffisant en liquidités internationales, en moyens de paiement (Liquidité)
  • assurer la stabilité monétaire interne (stabilité des prix = stabilité du pouvoir d’achat interne de la monnaie) comme externe (équilibre des balances partielles et, ainsi, stabilité du change) (Stabilité)

 2. L’économiste belge R. Triffin montre l’incompatibilité de ces deux objectifs dans un système d’étalon marchandise (Paradoxe de Triffin)

 

Dès 1960, R. Triffin signale dès 1960 le dilemme dans lequel le système de Bretton Woods se trouve enfermé avec une forte croissance mondiale associée à une demande importante de devises convertibles.

 

Il faut de plus en plus de dollars dans l’économie mondiale sinon la croissance internationale sera freinée. Les E-U peuvent sans difficulté fournir ces dollars via leurs déficits extérieurs. (Liquidité). Mais comme l’évolution du stock d’or mondial dépend de facteurs exogènes (nouveaux gisements ou amélioration des procédés d’extraction) et ne suit pas l’évolution des échanges mondiaux, un problème se fait jour : plus il y a de dollar, plus la confiance dans le lien entre le dollar et l’or s’effrite (stabilité).

 

Une telle situation contribue à un affaiblissement progressif de la confiance des agents économiques étrangers envers la monnaie de référence ; les besoins importants de l'économie mondiale en une devise fiable aboutissent donc paradoxalement à la perte de confiance envers cette monnaie.

 

Ainsi : en situation de GES avec étalon marchandise, il y a incompatibilité entre les objectifs de stabilité et de liquidité. C’est le paradoxe de Triffin.

 

Si Bretton Woods était structurellement vicié, il en allait de même des systèmes d’étalon de change or du passé :

  • Durant la fin du XIX° siècle, l’objectif de stabilité est privilégié : le problème est que la défense de la livre « as good as gold » et pour les autres monnaies d’une parité très stable avec la livre obère la liquidité : il y a un manque de liquidités provoquant un biais déflationniste.
  • Cela se retrouve durant l’Entre-deux-guerres dans la phase d’après 1°GM où la déflation est utilisée pour retrouver la parité or : la liquidité est sacrifiée pour retrouver la stabilité. Avec la crise de 1929 et surtout la dépression qui s’en suit, la liquidité devient l’objectif pour faire repartir l’économie mais cela se paye au prix de l’instabilité, d’autant plus que les recommandations de Gênes organise de fait l’instabilité avec la concurrence entre les centres or du fait de la présence de plusieurs monnaies internationales.

 

Désormais, en régime de changes flottants (ou flexibles), qu’en est-il du rôle du FMI, troisième pilier du SMI aujourd’hui défunt ?

 

 B. Le FMI réoriente ses actions des années 1980 au milieu des années 2000

 

1) Le contexte économique est modifié

 

Les changes flottants dans le monde

 

Les prix des matières premières ont augmenté permettant aux producteurs souvent des PED de bénéficier de capitaux importants du fait des recettes d’exportations en hausse : c’est un levier important pour accéder aux financements internationaux par emprunts pour financer leurs programmes de développement

 

Mais les conditions économiques se retournent avec le changement de politique monétaire aux Etats-Unis au début des années 1980 : la lutte contre l’inflation est devenue la priorité et la politique monétaire US devient très restrictive entraînant un renchérissement extraordinaire du crédit (qui se diffuse au monde) et une forte appréciation du dollar.

 

 L’endettement des pays du Tiers-Monde devient un surendettement à partir de 1982, aggravé par le contre choc sur les matières premières mi années 1980 qui fait fondre les ressources des PED : le service de la dette explose.