Une pensée pour Jacqueline Denjean qui nous a quittés brutalement. Son dévouement, sa vivacité et sa bonne humeur.

 

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Le registre antibancaire : le fait que la monnaie est créée par des banques est une idée qui se diffuse (Rappel : c’est un fait depuis la miXIX° siècle en France et en GB…). D’aucun y trouve l’occasion de dénoncer un complot à longueur de blog parfois ad nauseam : c’est pourtant un élément classique du programme des lycées en sections économiques.

Cela alimente une double défiance :

  • A l’encontre des banques, parfois des banquiers, ou plutôt d’une société comme un tissus de dettes dont le remboursement par chacun demande la croissance de ses revenus pour payer les intérêts. Cela exercerait une pression à la croissance de la production incompatible avec le caractère fini des ressources dans une optique de soutenabilité de la croissance.
  • A l’encontre du monopole monétaire des banques : les monnaies alternatives seraient un antidote en proposant une pluralité d’émetteurs (il existe cependant de la concurrence entre les banques, secteurs en évolution rapide de surcroît). Ce point ouvre sur des perspectives extrêmement variées :

 

  • La vision libertarienne (individualiste), ultralibérale voire anarcho capitaliste, basée sur le développement de monnaies différentes en concurrence (Hayek), que l’on retrouve élargie aux monnaies non bancaires avec les cryprtomonnaies du type Bitcoin
  • D’autres y voient la possibilité de briser la rareté de la monnaie engendrée selon eux par le système bancaire de crédit, vu comme cause de la pauvreté du fait d’une insuffisante circulation monétaire
  • La vision libertaire (collectiviste et coercitive) propose parfois la nationalisation du crédit entre les mains exclusives d’une banque centrale aux mains du pouvoir et non plus de banques. Il n’est pas sûr alors que la possibilité même de monnaies alternatives soit envisageable du fait des tendances coercitives voire très autoritaires de ce dernier point de vue.

 

Le registre décentralisateur : ce qui est dénoncé est ici le danger de la concentration des pouvoirs. Il s’agit de promouvoir les formes institutionnelles décentralisées et la possibilité d’expérimentations partielles.

 

  • L’impossibilité de l’émancipation des personnes dans un cadre centraliste ou globaliste. C’est la construction de systèmes monétaires locaux conçus par les citoyens dans une logique participative (Tradition de Proudhon). Dans le mode anglo-saxon, c’est la doctrine de Schumacher Small is beautiful, 1973 : ressources locales, besoins locaux, un retour de la communauté comme niveau pertinent de décision et d’action.
  • Les risques de déstabilisation associés au centralisme monétaire. La concurrence privée des monnaies est souhaitée. Des propositions sont faites de brider l’émission monétaire en l’ancrant sur des biens réels dans une posture écologique (au risque de revivre les mêmes problèmes qu’avec l’étalon marchandise qu’était l’étalon-or, cf. Paradoxe de Triffin) ou dans une optique libertarienne en l’ancrant sur une base rare (Cf. cryptomonnaies). La question de la rareté de la monnaie est pourtant un point bien documenté en économie…
  • Le risque de contrôle liberticide des individus par un pouvoir central à travers un monopole d’émission monétaire par le système bancaire : c’est la thématique des cryptomonnaies (cf.infra)