3. Économie écologique : une approche nouvelle  

A. Génèse et cadrage

A la suite du Rapport Meadows en 1972 au MIT (Les limites à la croissance), il ne s’agit plus d’exploiter de manière rentable ou optimale des ressources naturelles ou de mesurer les dommages écologique de l’activité économique sur l’environnement pour concevoir des instruments aptes à les atténuer. Il s’agit de se demander si le système économie lui-même résistera à l’épreuve du temps : l’économie peut-elle résister à l’environnement (et non plus l’inverse).
On a là un dépassement de l’économie de l’environnement préalablement présentée au paragraphe précédent.

Outre le rapport Maedows, la crise pétrolière de 1973 fait prendre conscience du problème de l'épuisement des ressources. De plus, la fin des années 1970 et le début des années 1980 sont marqués par plusieurs grandes catastrophes environnementales et industrielles (Seveso, Olympic Bravery, Boehlen, Amoco Cadiz, Three Mile Island ? Bhopal…). Fortement médiatisés, ces évènements marquent l'opinion publique. La relation entre environnement et développement s'installe alors progressivement dans les consciences.

L’émergence de la préoccupation de la soutenabilité s’impose dans la communauté internationale avec la publication du rapport Brundtalnd. En 1987.
Le Rapport Brundtland est le nom communément donné à une publication, officiellement intitulée Notre avenir à tous (Our Common Future), rédigée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l'Organisation des Nations unies, présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. Utilisé comme base au Sommet de la Terre de 1992, ce rapport utilise pour la première fois l'expression de « sustainable development », traduit en français par « développement durable », et il lui donne une définition :

« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ».


L’émergence  de la préoccupation de la soutenabilité va cristalliser une évolution disciplinaire avec l’émergence de l’économie écologique.
Y contribuent les membres de l’association Ressources for the future, fondée en 1952 par W. Paley (Columbia university), premier think tank exclusivement consacré aux questions environnementales. Y contribuent des auteurs comme N. Geogescu-Rogen, K. Boulding et H. Daly.
La nature est rapatriée dans le raisonnement économique autrement que sur un mode instrumental.


L’Économie écologique se définit comme l’étude conjointe des systèmes naturels et des systèmes humains qui vise à dépasser à la fois l’économie de l’environnement et l’écologie entendue au sens restreint comme science du monde naturel.
L’économie écologique fusionne l’écologie et l’économie afin d’évaluer la capacité des écosystèmes naturels à soutenir les systèmes économiques.

Les systèmes économiques y sont vus comme une résultante de l’évolution de l’environnement physique et biologique ; réciproquement, l’économie écologique évalue les effets des systèmes économiques sur le monde naturel