2/ Le PIB/habitant : la question du niveau de vie

En restant centré sur population multipliée par 1.3, comment diviser par quatre le PIB par habitant (à intensité énergétique du PIB et intensité en GES de l’énergie inchangées) ?

Alors même que ce dernier tend à augmenter ...
La prolongation de la tendance, c’est une augmentation du PIB de 2 à 3% l’an sur les trente ans à venir. Sa valeur serait donc multipliée par 2,2 par rapport à la valeur d'aujourd'hui.

 

Focus sur la notion de décroissance
(à partir de J-M. Harribey, Cahiers français, 2007)

 

* L’origine : trois sources principales
 

  • L’économie politique : l’état-stationnaire des Classiques début XIX° avec  Ricardo et Malthus ; Marx et la recherche de temps disponible pour l’Homme libéré de la production. Cette ne réapparaîtra que fugacement avec le rapport du club de Rome balayé par la crise des 1970’s
  • L’écologie politique : les philosophes comme  H. Jonas avec le « principe de responsabilité » vis-à-vis des générations futures, l’heuristique de la peur comme seul frein à la démesure de la technique ; JP Dupuy et le catastrophisme éclairé ; A. Gorz et un travail suffisant et non maximisant ; I. Illich et son anti-institutionnalisme ; J. Ellul et la critique de la technique maitrisant le monde ; aux États-Unis une Deep ecology avec un biocentrisme affirmé flirtant parfois avec l’ésotérisme

 

  • La thermodynamique (N. Geogescu-Roegen) : une application des lois de la thermodynamique à l’économie (1979) : Demain la décroissance

(Thermodynamique = partie de la physique qui étudie les relations entre les phénomènes mécaniques et thermiques avec deux - principes essentiels (S. Carnot) ):

- principe de conservation de l'énergie : la quantité d'énergie dans l'univers reste constante
 - principe de dégradation ou entropie : la quantité d'énergie, bien que constante, se transforme de plus en plus en chaleur irrécupérable, non réutilisable.

 

Ainsi, le développement économique, fondé sur l’utilisation inconsidérée du stock terrestre d’énergie accumulé au cours du temps, n’est pas viable car l’énergie utilisée est transformée en chaleur inutilisable et provoquant l’élévation de la température sur la planète
Les économies d’énergie se heurtent à l’effet rebond (Jevons)

Georgescu-Roegen critiqué : la terre n’est pas un système isolé ; il y  a réception du rayonnement solaire reconstituant (Prigogine et Passet)

 

*  Le contenu de la décroissance : pas un corpus unique et cohérent mais un axe fédérateur : une critique radicale du développement et du progrès

  • Le développement : vecteur de domination et de désintégration des  sociétés traditionnelles, qui de ce fait ne peuvent se … développer (Latouche, Partant, Rist, fin XX° siècle)
  • La récusation de la distinction entre croissance et développement, quantitatif et qualitatif. La quantité et l’accumulation amènent à notre perte et on ne peut avoir développement sans croissance

 

*  La notion de décroissance est évolutive (T. Parrique, Ralentir ou périr, 2022). Plus que ralentir, il y a un rejet philosophique du progrès, du développement et du capitalisme (vu comme un système parmi d’autre, ce qui est loin d'être partagé). Le réencastrement de l’économie dans la physique et la bio est parfois incantatoire, voire peu scientifique (ex : Permaculture et agroforesterie : ordre de grandeur pour nourrir la planète ? )