Economie et écologie

 

Le développement économique depuis la 1° révolution industrielle britannique et française courant XVIII° siècle, son accélération depuis la mi-XX° siècle ont deux effets :

  • L’humanité se retrouve dans une prospérité inédite
  • Les écosystèmes de la planète se retrouvent dans une crise sans précédent.

 

Comment articuler ses deux récits et comment à partir de là articuler économie et écologie ?

 

1. Économie et écologie ne sont pas indépendantes

 

A. Économie et écologie ont des origines communes

 

Oikos pour écologie, la maison

Ecologie = science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants.

 

Oikonomía = gestion de la maison ( Oikos) : même racine

 

1) L’importance de la sobriété dans les deux sciences

* La même attention à l’Homme et à son milieu environnant. La pensée économique a depuis toujours partie liée avec la notion de sobriété des désirs et des ressources.

 

Aristote (IV siècle avant notre ère) .) dans l'Éthique à Nicomaque met en avant la différence fondamentale entre l'économique et la chrématistique. Cette dernière est l'art de s'enrichir, d’acquérir des richesses. Elle s'oppose à la notion d'économie (de oïkos, la maison donc la communauté au sens élargi, et nomia, la règle, la norme) qui désigne, elle, la norme de conduite du bien-être de la communauté, ou maison au sens très élargi du term

 

Aristote distingue deux formes de la chrématistique.

 

  • La première, qualifiée de « naturelle », est nécessaire. Elle est liée à la nécessité d'approvisionner et faire vivre l'oïkos (la famille élargie, au sens de communauté). Elle ne doit pas être dénigrée car elle est nécessaire. L’échange monétaire est admis du fait de l’auto-suffisance impossible, mais il ne doit être utilisé pour réaliser l'échange.
  • La seconde forme de chrématistique, dite « commerciale », est la mauvaise chrématistique. Elle est radicalement différente de l'autre car elle est liée au fait de « placer la richesse dans la possession de monnaie en abondance ». C'est l'accumulation de la monnaie pour la monnaie ; cela est, selon Aristote, une activité « contre nature » qui déshumanise ceux qui s'y livrent.

Aristote pose une sobriété des origines

 

2) L’importance de la notion de rareté dans les deux sciences

* C’est dans la notion de rareté que l’économie puise sa source, en en faisant la cause première de la nécessité de ses choix, individuels et collectifs, dont l’analyse constitue l’essentiel de cette discipline.

 

La Bible (entre 8° et 2° siècle av notre ère) dans le livre de la Génèse raconte qu’Adam et Eve, d’abord créés à l’image de Dieu, immortels et immergés dans un univers d’abondance -le paradis terrestre – sont brutalement plongés dans le monde de la rareté après la chute : devenus mortels – et confrontés à la finitude de la vie humaine et à la rareté du temps – et de ce fait devant se résoudre à l’effort pour faire face à « l’avarice de la nature » : il leur faut gagner leur pain à la sueur de leur front. Est ainsi posée l’une des hypothèses centrales de l’analyse économique moderne des choix des individus : le travail et l’effort sont couteux ; ce sont des « nuisances » qui réduisent la satisfaction individuelle, par opposition au loisir dont l’étymologie est la même que oisiveté – le temps consacré aux activités choisies, qui ne demandent pas d’effort, auquel il faut renoncer chaque fois que l’on veut se procurer des biens de consommation pour satisfaire ses besoins. C’est dans l’analyse microéconomique le choix primordial autour duquel se déclinent toutes les autres.

 

L’économie est souvent définie comme la science de l’allocation optimale de ressources rares à la satisfaction de besoins.

 

3) L’histoire économique est depuis l’antiquité le desserrement de la contrainte de rareté par le progrès technique

Tous les progrès sont liés à l’idée de desserrer les contraintes de la rareté ou de rendre moins pénibles les efforts qu’elle impose.

  • Feu de bois qui a permis la cuisson, la fonte de métaux
  • Agriculture, élevage ont rendu la nature moins avare,ont permis le transport en domestiquant les animaux, nouvelle source d’énergie.

 

Tous les biens qui viennent assouvir leurs besoins premiers proviennent de la terre et leur production fait l’objet d’usages rivaux des sols, dont la disponibilité est limitée. Migration ou conquête repousseront périodiquement ces limites.

 

Maîtrise de l’énergie hydraulique et du vent.

 

Quelques gains de productivité au final, moindre effort, meilleur usage des ressources naturelles mais sans pour autant d’augmentation spectaculaire des niveaux de vie moyens.

 

B. La trappe malthusienne et la sortie de la trappe : l'emballement des émissions de CO2

* Le monde préindustriel quasi stationnaire est dans la trappe malthusienne

 

Il y a des hauts et des bas, souvent amples (jusqu’au doublement de la richesse par tête sur quelques décennies).

 

La démographie doit être assujettie à l’économie (la production agricole en fait) : c’est son Principe de population.

 

L’explication de Malthus (1766 – 1834)

 

Il s’agit d’expliquer deux phénomènes concomitants :

  • La stagnation du niveau de PIB par habitant
  •  La stagnation de la population jusqu’au XIX° siècle

 

Dans son ouvrage Essai sur le principe de population (1798), Malthus part du postulat que la production agricole dépend de deux facteurs combinés, la travail et la terre.

 

Revoir des cours de l'an dernier sur ce thème

 

* l’articulation technologie – institution a permis la sortie de la trappe malthusienne : le niveau de vie progresse durablement au fur et à mesure de l’entrée dans la révolution industrielle. Les sociétés qui se sont développées sont passées d’un savoir essentiellement pratique à un savoir pratique articulé avec un savoir scientifique : l’importance du progrès technique

Un dialogue entre science et technique s’est installé, favorisé par les mathématiques.

 

* La diffusion du savoir et de l’information génère de l’innovation cumulative

* L’importance de la concurrence

* Des institutions qui protègent les droits de propriété des innovateurs

* Le développement financier

 

Ainsi :

  •  La population mondiale décolle
  •  Le niveau de vie décolle en même temps ( on sort de la trappe, la relation inverse entre démographie et niveau de vie)
  • les émissions de CO2 s’emballent en même temps.

 

Nous retrouvons là la tension contemporaine entre l’accroissement vertigineux du bien-être humain et la fragilité de sa soutenabilité écologique.