C. Les enjeux

 

1) Remarque 1 : L’horizon temporel d’un État est infini (à la différence d’un particulier)

 

Ex : ménage, notaire, horizon fini, extinction de la dette.

 

Un État ne peut pas faire faillite (contrairement à ce qui se dit ou s’écrit trop souvent).

 

2) Remarque 2 : l’État ne cherche pas le remboursement à tout prix comme un ménage: il fonctionne avec une dette perpétuelle et cherche à faire "rouler la dette"

L’enjeu est alors que le flux de recettes publiques permette de verser le flux d’intérêts. Le stock de capital dû augmente ou diminue selon le solde du mouvement emprunt / remboursement du capital.

 

3) Remarque 3 : le rythme du désendettement doit être l’objet d’une grande attention.

Au lendemain de la crise des subprimes, l’assainissement des finances publiques opéré dans l’Union européenne dans le sillage de la crise financière mondiale et au nom de ces mêmes règles a été trop précoce et a retardé la reprise. Ce point fait à peu près consensus.

 

Deux effets :

 

* Une réduction des dépenses publiques (ou une augmentation des impôts) génèrent une réduction de plus grande ampleur du revenu national (effet multiplicateur, ou effet Keynes) : risque de récession provoquée (qui dégraderait le solde budgétaire et pousserait à emprunter et à charger la dette !)

 

* Les travaux d’I. Fisher en 1933 sur la « déflation par la dette ». Il y a un risque déflationniste si le désendettement est trop rapide. La vente d’actifs massive pousse les prix à la baisse ce qui accroît la valeur réelle du stock de dette et pousse à vendre plus d’actifs, ce qui pousse les prix des actifs à la baisse ce qui accroît… etc.

 

 

Ainsi une réduction trop rapide du déficit public et/ou de l’endettement peut être pire que le problème initial et aggraver la crise, voire provoquer la déflation. Cela ne dispense pas d’agir en réduisant les gaspillages, quitte à réallouer les sommes à des actions plus efficaces.

 

 

 

Il n’y a donc pas de réponse unique à la soutenabilité de l’endettement public. Il n’y a que des cas particuliers : cela revient à réfléchir à des scénarios à l’horizon d’une dizaine d’années :

  • Évolution des taux d’intérêt
  • évolution de l’inflation, les perspectives de croissance
  • évolution des différentes sources de recette et de dépense publique
  • évolution des taux de change
  • acceptabilité pour les créanciers nationaux et étrangers,