1. Panorama des échanges : éléments d’histoire économique
Les échanges commerciaux de produits, de biens et de services, sont extrêmement anciens : phéniciens, comptoirs, … les foires, la découverte des Amériques et les villes cœur du capitalisme, etc…
À partir du XVIII° et surtout du XIX° siècle, le mouvement est de grande ampleur.

 

A. Au XIX° siècle, un essor spectaculaire du commerce international

 

1) Le volume des échanges internationaux s’accroît

Un essor spectaculaire du commerce au XIX° siècle

  • Au XVIIIe siècle, le volume du commerce international est multiplié par trois alors que de 1830 à 1913, ce même volume est multiplié par vingt.
  •  En 1800, le commerce international représente 3 % de la production mondiale alors qu'en 1913, il en représente le tiers. Les échanges internationaux passent d'une place marginale à une place essentielle dans l'activité économique.


L’effet est une internationalisation croissante des économies

  • Au XIX° siècle, la production par tête en volume double sur un siècle tandis que les échanges internationaux par tête s'accroissent quatre fois plus vite. La croissance des échanges est supérieure à la croissance de la production.
  • Le taux d'ouverture des économies européennes (demi-somme des importations et des xportations en proportion du PIB) est au XVIII° siècle de 2 à 3 % ; en 1830, il est de 5 % et atteint 14% en 1913.

 

2) La structure des échanges internationaux se modifie

 

a) Structure par produits

Au XVIII, le commerce international est essentiellement un commerce d’indisponibilité portant sur des produits de consommation de luxe

  • Avec l'Afrique et l'Amérique, l'Europe développe le commerce triangulaire : l'Europe exporte de la verroterie et de la pacotille vers l'Afrique où elle achète des esclaves qu'elle vend en Amérique d'où elle rapporte du sucre de canne, du rhum, du tabac, du cacao et des bois exotiques.
  •  Des le XVII° siècle, le grand commerce est aux mains de grandes compagnies (Compagnie des Indes occidentales pour l'Amérique, orientales pour l'Asie) qui disposent d’un monopole commercial garantit par l'État. Le commerce extérieur garde cependant une place marginale dans l'approvisionnement et les débouchés  globaux de cette époque comparativement aux périodes suivantes.


Au XIX° siècle, le commerce international change de nature

  • Pour les produits, la part du commerce des épices et autres produits exotiques régresse au profit des échanges de matières premières de base (produits alimentaires courants, matières premières industrielles pour 60%) et un début d’échanges de produits manufacturés.
  • L'Europe, au centre du réseau mondial des échanges, trouve dans le commerce international à la fois des produits primaires indispensables à son activité productive et une partie des débouchés de la production industrielle : globalement, les exportations absorbent une proportion importante de la production industrielle européenne (environ un tiers fin du XIX° siècle).

 

b) Structure géographique

L'Europe a une place prééminente dans le commerce international du XIX° siècle. En 1850, elle réalise 70% du commerce mondial (20% pour la seule G-B, 40% pour le trio GB, France et Allemagne). De ce fait, elle est à elle-même son meilleur client : 70% des débouchés des exportations des pays européens se trouvent en Europe. Le commerce mondial est donc avant tout un commerce intra zone.
La prédominance européenne cependant s'effrite progressivement (64 % du commerce mondial en 1914 au lieu de 70 % en 1850) avec la montée en puissance des États-Unis fin XIX° siècle.

Il ne faut donc pas surestimer le fait colonial dans les échanges : les échanges verticaux, la division internationale du travail verticale (répartition des tâches telles que certains pays se spécialisent en amont dans la production des matières premières et d'autres se spécialisent en aval dans la transformation de ces matières premières et leur commercialisation) ne doit pas voir sa portée exagérée.
En 1910, à l’apogée de l'expansion coloniale, ceux que l’on appelle les « continents attardés » ne tiennent toujours qu'une place modeste parmi les fournisseurs de l'Europe comme parmi ses clients : l’Asie et l’Afrique réunies n’interviennent à ce moment-là que pour 14 % dans le commerce extérieur de l’Europe. Les débouchés essentiels, en Europe, se trouvent non pas dans les colonies, mais dans les pays neufs.

Fin XIX° siècle, les pays européens dans leur ensemble commercent avant tout entre eux (à l'exception notable de la Grande-Bretagne avec le Commonwealth). Il y a déjà une forte DIT horizontale : les pays européens s’échangent entre des produits de nature comparable. On observe déjà là un certain commerce intrabranche en plus du commerce déjà fortement intrazone.


3) Des explications de ces faits

a) Les innovations à la base de la forte croissance économique permettent la chute des coûts de transports

Avec la 1° RI qui débute en GB au XVIII° siècle, de nombreuses innovations apparaissant (dans quatre domaines en plus de l’agriculture : textile, sidérurgie, énergie, transports). Les innovations en matière de transport (routes, canaux et surtout navigation maritime et chemin de fer) permettent de transporter moins cher, plus vite et surtout de façon plus régulière et fiable des marchandises (le tour du monde en 80 jours, J. Verne) . La 2° RI à la fin XIX° y ajoute la marine à vapeur, et le début des engins à moteur à explosion (automobile, camions, avions). Les coûts de transport sont divisés par 7 au XIX° siècle.

Cet effondrement du coût du transport bien plus important que ce que nous connaissons aujourd’hui tend à faire converger les prix des marchandises à travers le monde.