2/ La phase de dépression et la crise sont marquées par un processus de « destruction créatrice »

 

a/ La cause

Lorsque la grappe d’innovation s’est généralisée et que les innovations ont été exploitées dans un premier temps par les entrepreneurs les plus dynamiques, dans un deuxième temps par des entrepreneurs attirés par des profits dans les secteurs les plus innovants, une routine s’installe et un surinvestissement apparaît : l’offre devient surabondante, les prix et les profits chutent.

b/ Deux types de réactions

* Destruction

Un certain nombre d’entrepreneurs ont du mal à assurer le remboursement de leurs emprunts, des faillites apparaissent : les conséquences sont lourdes, notamment sur l’emploi. C’est le retournement, le début de la récession, la crise qui s’installe.

 

* Création

Si des activités voient des entreprises se désengager (désinvestissement, licenciements), des entrepreneurs commencent à développer de nouvelles innovations : l’investissement commence à repartir et une nouvelle grappe d’innovations commence à se former. La reprise s’amorce et une nouvelle phase d’expansion commence avec le développement des innovations.

 

 

Ainsi, Schumpeter parle d’un processus de « destruction créatrice » : la crise est le moment où l’ancien système d’innovations est remplacé par un nouveau. La crise est alors la préparation de la croissance future. La crise a donc un double statut, à la fois moment de l’expression de la fin de l’ordre ancien et de la création d’un nouveau futur (idée déjà présente chez Marx du double statut de la crise ).

2). Le rôle des Entrepreneurs dans une économie où le progrès technique est le facteur essentiel de la croissance

 

a) J. Schumpeter attribue un rôle clé à l’Entrepreneur

 

1/) L’entrepreneur met en œuvre l’innovation et se distingue du gestionnaire

L’innovation ne se confond pas avec l’invention : l’invention d’un nouveau procédé de fabrication, par exemple, ne devient innovation que lorsque ce procédé est effectivement introduit dans l’activité économique. Innover est, pour Schumpeter, la fonction spécifique de ceux qu’il appelle « Entrepreneurs ».

 

L’entrepreneur dans le modèle de Schumpeter est un idéal-type au sens de Max Weber : seule une très faible partie de la population dispose des qualités de l’entrepreneur. C’est un personnage qui est capable de prendre des risques et de comprendre parmi une foule d’innovations celles qui vont satisfaire le marché et avoir de l’avenir. Il ne se conforme pas aux comportements établis et agit dans l’incertain, il parie sur l’avenir avec en perspective l’espoir du succès mais aussi le risque de l’échec.

 

Il se différencie du gestionnaire : en introduisant l’innovation, il ne se conforme pas aux routines. Il provoque des ruptures au lieu de prolonger des principes établis.

2/ Il est animé par des motivations individuelles de recherche du profit

L’entrepreneur est animé par des motivations individuelles de réussite. Le profit est central :

 

1. mesure de la réussite économique de l'entreprise

 

2. motivation fondamentale à agir. Plus de profits, c'est plus de richesse pour les propriétaires de l'entreprise (et éventuellement pour les salariés via la participation aux bénéfices)

 

3. moyen d'assurer le financement des investissements qui doivent permettre au minimum la survie de l'entreprise et mieux encore sa croissance. Pour une entreprise, l'autofinancement de ses investissements est un mode de financement recherché.

 

Le profit est un revenu qui rémunère une fonction essentielle : la fonction d'entreprise. Cette fonction est assumée par l’entrepreneur. Elle est une capacité :

  • à juger une situation et à anticiper les évolutions
  • à prendre les décisions les plus judicieuses, en particulier à savoir mettre en œuvre les innovations
  • à en assumer les risques, pouvant aller jusqu'à la faillite.