b) L’entrepreneur doit bénéficier d’un système économique favorable

 

1/ Il faut des financiers assurant l’octroi de crédits aux entrepreneurs pour leur permettre d’innover

L’entrepreneur innovateur doit avoir les moyens de financer ses projets : il n’a cependant pas à épargner pour se procurer les moyens dont il a besoin. Les projets ne peuvent être autofinancés car le profit futur est la motivation à innover alors que l’autofinancement s’appuie sur les profits passés.

 

L’entrepreneur doit pouvoir compter sur des financiers pour obtenir des crédits : entrepreneurs et financiers sont indissociables. C’est la création monétaire qui est mise en avant, pari sur l’avenir effectué par les banques qui accompagnent les entrepreneurs en fournissant les liquidités nécessaires au financement des projets. Il retrouve les idées de Keynes sur le rôle de la monnaie dans l’économie .

 

Remarque : aujourd’hui, il faudrait nuancer cette valorisation du recours au crédit ; il existe un financement spécifique pour les activités innovantes par appel à des sociétés de capital risque prenant des participations au capital des entreprises dans des conditions bien définies.(Love money, business angels)

 

2/ La CPP mise en avant par les néoclassiques n’est pas un régime de concurrence idéal : des éléments de monopole temporaires sont favorables à l’innovation et à la croissance

 

a/ La propriété privée et la protection de l’innovation

L’importance de la fonction de l’entrepreneur ne peut s’accommoder selon Schumpeter d’un autre régime que celui de la propriété privée, seul à même de stimuler l’entrepreneur et de lui assurer la propriété du profit issu de son activité

 

L’existence d’un système organisant la propriété intellectuelle est une condition importante de dynamisme de l’innovation. L’organisation d’un système de brevet permet de protéger et de stimuler l’innovation sans pour autant verrouiller l’innovation et la dynamique de la croissance : une protection de l’innovation doit être d’une durée assez longue pour inciter à innover mais pas trop longue pour permettre la diffusion de l’innovation dans le reste de l’économie.

 

b/ Les vertus du monopole temporaire : le monopole d’innovation

Schumpeter défend la situation de monopole favorable selon lui à l’innovation, à condition toutefois qu’il soit temporaire : il se différencie en cela des néoclassiques, qui vantent les vertus de la concurrence pure et parfaite, antithèse du monopole.

 

 

Parmi un grand nombre de firmes concurrentes, l'une d'entre elles parvient à acquérir un pouvoir de monopole temporaire grâce à la différenciation de son produit. Le produit n’est plus homogène, il se démarque de ceux offerts par les concurrents. Il y a une concurrence hors-prix.

 

La différenciation du produit réussie génère une situation de monopole à court terme pour la firme innovatrice.

 

  • Le monopoleur tarife plus cher que la firme en CPP. Il sert toute la demande du marché : il a un pouvoir important de fixation du prix du fait de l’absence de concurrence. Sans concurrents, le prix est poussé à la hausse. Le pouvoir de fixation du prix n’est pas absolu : encore faut-il que le prix permette de trouver une demande suffisante sur le marché pour pouvoir maximiser le profit du monopoleur : cela dépendra de la plus ou moins grande élasticité prix de la demande.

 

  • Le monopoleur produit une quantité moindre qu'en CPP. Le monopoleur a tendance à rationner le marché : c’est le moyen d’assurer des prix plus élevés qu’en situation d’offre concurrentielle.

 

  • Le profit du monopoleur est supérieur au profit de la firme concurrentielle : la différence s'appelle une quasi-rente de monopole. C’est ce qui motive l’entrepreneur à prendre des risques.

 

  • Les concurrents ne restent pas inertes ; le marché redevient plus concurrentiel car ce monopole n’est que temporaire : contrairement au monopole pur, la situation ne doit pas durer. La quasi-rente attire d’autres entreprises (des concurrents potentiels) qui veulent entrer sur le marché du produit différencié en offrant des produits substituts plus ou moins proches. La demande est répartie entre un plus grand nombre de producteurs, ce qui signifie pour chacun d’eux une réduction de leur part de marché. Le processus est pro-concurrentiel : la quantité offerte par le producteur innovateur diminue, le prix de vente sur le marché diminue et la quasi-rente de monopole fond. Le monopoleur perd son avance et le produit se banalise. Sa quasi-rente fond : il est obligé de ne pas se reposer sur ses lauriers...

 

 Une dialectique entre concurrence et monopole temporaire...