Introduction

 

 1. La notion de croissance

Expansion, croissance, développement, progrès sont des termes qui, dans le langage courant, sont considérés comme synonymes.

 

Il existe pourtant, entre eux, des distinctions dont il faut tenir compte. Dans la présentation de celles-ci, on suivra principalement l'analyse de l'économiste français contemporain F. Perroux, La dynamique du capitalisme, 1958.

 

 

La croissance économique au sens étroit

Au sens strict, la croissance économique correspond à l'augmentation soutenue d’un indicateur de dimension (par exemple le PIB en volume) pendant une période assez longue, de l'ordre de plusieurs dizaines d'années. Il s'agit donc, dans ce sens, d'un phénomène purement quantitatif.

 

Calcul du PIB, mise en perspective historique : S; Kuznets, années, Roosevelt et

 

La croissance économique au sens large

 

L'accroissement de dimension s'accompagne de transformations de structures qui n'apparaissent pas dans la définition étroite de la croissance

 

La notion de croissance au sens strict est insuffisante. Ainsi, de 1945 à 1975, en France (période des « Trente glorieuses », Jean Fourastié) :

 Il y a accroissement du PIB. C'est donc une période de forte croissance au sens étroit.

Toutefois, le phénomène ne se limite pas à ce seul aspect de dimension : il prend place dans le cadre de structures qui se modifient

 

Une modification des structures économiques

  • L'organisation de la production se transforme : accélération du progrès technique (Concentration des entreprises, internationalisation accrue de la production et des échanges, développement du travail salarié, etc.)
  • Le poids relatif des secteurs d'activité dans la production totale et dans la répartition de la population active (l'exode agricole puis récemment « l’exode industriel » au profit du secteur des services marchands et non marchands)

 

Une modification des structures sociales

  •  La stratification sociale évolue (développement des catégories à haute qualification ; régression et précarisation des catégories peu qualifiées)
  • Évolution de l'organisation sociale : protection sociale, enseignement
  • Évolution du système des valeurs : contestation du capitalisme et de l'entreprise privée dans les années cinquante à soixante-dix suivie d'une réhabilitation spectaculaire dans les années quatre-vingt en France.

 

Ces différentes mutations, séparées pour l'analyse, s’imbriquent étroitement dans la réalité. Un exemple net en est donné par l'évolution de la place des femmes et de leur rôle : les mutations ont été à la fois économiques (remontée de leur taux d'activité) et sociales (changements de comportement en matière de natalité, de nuptialité, de place dans la vie publique, etc.) .

 

 

Non seulement les transformations structurelles accompagnent la croissance mais encore elles permettent son apparition et sa poursuite

 Ainsi, l'accélération du progrès technique ou le développement du travail féminin (mutations structurelles) permettent la poursuite de l'accroissement de la production industrielle. Les mutations structurelles font donc que le processus se nourrit lui-même : elles en font un phénomène auto entretenu.

De plus, chaque génération profite des mutations réalisées par les générations précédentes et les amplifie : le phénomène est donc en plus cumulatif.

 

Il y a bien des périodes de décélération de la croissance et même des phases où la croissance peut devenir négative, ceci en liaison avec des phénomènes accidentels (guerre), cycliques (crise économique).

Mais la tendance générale n'est pas inversée : après l'accélération de la croissance liée à la révolution industrielle, aucun pays industrialisé n'est revenu à une économie pré-industrielle.

 

Le développement

On arrive ainsi à une définition plus large de la croissance économique

Au sens large elle est un accroissement des principales grandeurs significatives de la dimension d'une économie sur une période assez longue (la croissance au sens étroit) accompagné de changements structurels qui en font un phénomène auto entretenu, cumulatif et donc largement irréversible.

 

Ces changements correspondent à ce que F. Perroux appelle le développement. Le développement  est la « combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». F. Perroux.

 

Myrdal insiste sur le développement comme une amélioration du bien-être de l'ensemble de la population. Le développement est « le mouvement vers le haut de tout le corps social » en matière de besoins fondamentaux (nourriture, accès à l'eau, à la santé, à l'éducation, aux loisirs, etc.).

 

Pour A. Sen, le développement signifie un processus d'expansion des libertés réelles de tous les individus. Cette liberté est celle de choisir parmi les différents modes de vie possibles.

 

Les organisations internationales qui dépendent de l'ONU définissent , quant à elles, les deux notions suivantes :

  • le développement humain c'est-à -dire la couverture des besoins fondamentaux de tous (Notion d' IDH)
  • le développement durable, c'est-à-dire un développement qui répond aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.